Etat de sang

Bastia-Beyrouth. Le terrible parallèle est là, présent dans tous les esprits. Même si nombre de Corses le refusent, ne veulent pas le voir derrière des images qui hantent, des deux côtés de la Méditerranée. La Corse se tord dans d'affreuses convulsions nationalistes. Les mouvements devenus factions se livrent une guerre fratricide. Et s'accusent respectivement de trahison à la cause et de dérive mafieuse. La haine est si violente entre les alliés d'hier que l'on peut se demander si l'Etat de sang ne va pas s'imposer sur l'île. A l'évidence, Emile Zuccarelli, maire de Bastia, le craint, après l'attentat à la voiture piégée. Au point de déclarer : « Il faut d'urgence désarmer les bandes armées et cesser de négocier avec les nationalistes. » Dire tout haut ce que la majorité des insulaires n'avance que du bout des lèvres, tant la pression psychologique est forte, témoigne du degré d'inquiétude de certains responsables politiques corses. Depuis des années, la tension monte entre les différentes composantes nationalistes. Comme si les anciens frères avaient décidé de se déchirer aveuglément au moment où « l'Etat français » est prêt à leur accorder une place plus grande dans la vie civile. Egalement une perspective économique, avec une ou des zones franches qu'Alain Juppé doit consacrer mi-juillet, à l'occasion de sa visite sur l'île. Une décision fondamentale, car la Corse est minée de l'intérieur, par un sous-équipement, une sous-activité et un chômage lancinant chez les jeunes. Des jeunes ne voulant plus s'exiler sur le continent ou dans les DOM-TOM comme leurs anciens, mais voulant vivre et travailler au pays. Rien ne sert de dénoncer à l'Assemblée nationale la disparition de l'Etat de droit si la Corse ne retrouve pas un véritable élan économique. Seul le développement peut apporter des remèdes à la désespérance. Et, dans les affaires corses, la politique a trop souvent servi d'unique réponse.
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