Butler Capital cherche les situations difficiles

Cet été, Butler Capital Partners a bouclé son nouveau fonds. Avec 325 millions d'euros, il est deux fois plus gros que le précédent. C'est le troisième véhicule levé par Walter Butler, dédié à ce qu'il appelle les "situations spéciales". Chez les autres, on parle de retournement. Dans les deux cas, on cherche les mêmes cibles : des entreprises dans des situations difficiles, mais dont le potentiel de succès peut encore être exploité.Particularité. Traditionnellement, les Anglo-Saxons utilisent la technique de la "distressed debt" : les fonds acquièrent des paquets de créances décotées et prennent progressivement le contrôle de l'entreprise. Butler Capital Partners prend, lui, le contrôle du capital, avec une particularité : pas de nouvelle dette dans les montages, uniquement de l'"equity". "Notre modèle n'est pas celui du LBO [reprise d'entreprise avec effet de levier] qui achète le passé en espérant faire mieux dans le futur. Nous, nous achetons une situation de rupture, dans des cas où nous savons que le potentiel de croissance de la rentabilité de l'entreprise est très largement supérieur à la croissance économique", explique Walter Butler. Ainsi, depuis quinze ans, ses fonds ont pris le contrôle de l'agence de publicité BDDP (1993), de César (2001), du groupe Flo (2002), de France Champignon (2004) ou encore l'été dernier de Giraud International.S'agit-il de bonnes affaires à l'achat ? Non, affirme Watler Butler qui assure "acheter cher ces entreprises, car le potentiel se paye". De fait, le fonds attend extrêmement rapidement des résultats tangibles sur la rentabilité de l'entreprise. "Si on ne voit pas d'amélioration nette dès la première année, c'est que l'on a fait une erreur d'appréciation", explique-t-il. Les échecs existent, et Butler Capital Partners reconnaît en avoir connu deux. En revanche, quand les affaires marchent, "les multiples de sorties sont sensiblement supérieurs à ceux que l'on connaît dans le LBO", assure Walter Butler.Quant aux opportunités, elles semblent larges : des filiales de groupes qui ne sont pas rentables, des affaires familiales surendettées, des entreprises cotées qui n'arrivent pas à lever de l'argent ou des sociétés sous LBO et qui connaissent des difficultés. Dans ce dernier cas, lorsque l'entreprise sous LBO ne respecte plus son plan de marche et qu'elle a besoin d'argent frais pour survivre, cela peut présenter un véritable obstacle pour le pool bancaire et le fonds qui a réalisé l'opération. Honneur sauf. Or, explique Walter Butler, "les fonds ne peuvent pas se permettre de perdre leur réputation vis-à-vis des banques créancières. Ils doivent trouver une solution au LBO en difficulté. Alors, ils viennent nous voir pour nous proposer de reprendre l'affaire. Nous investissons en accord avec les fonds et, avec l'appui des créanciers, nous prenons le contrôle de l'entreprise". Dans ce cas là, le TRI (taux de rendement interne) est perdu pour le fonds d'origine, mais l'honneur est sauf vis-à-vis des banquiers.Guénaëlle Le Solleu
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