ESPAGNE + Bataille boursière pour la prise de contrôle de Bankoa

La compétition pour la prise de contrôle de la petite banque basque Bankoa redouble d'ardeur. Loin de s'avouer vaincue face à la décision de sa principale rivale, la Caja Rural Vasca (CRV), de présenter une offre publique d'achat sur la totalité du capital, la caisse régionale de Crédit Agricole de Gascogne-Pyrénées a annoncé mercredi soir qu'elle allait présenter une contre-proposition. Cette décision a été prise au vu de l'étude réalisée pour le compte de la caisse régionale par le cabinet Price Waterhouse. Riposte surprise. Le réseau de Bankoa compte 31 agences bien implantées dans la province basque de Guipuzcoa (Saint-Sébastien). La banque totalisait l'an dernier quelque 80.400 millions de pesetas (3,2 milliards de francs) de dépôts. Début juin, le Crédit Agricole avait annoncé son intention de lancer une OPA sur Bankoa, premier pas d'une stratégie d'expansion en direction du nord de l'Espagne. Mais, avant même d'avoir pu mettre en vigueur son intention, la caisse régionale avait été prise de vitesse à la mi-juin par la CRV, qui détient déjà 12,5 % du capital de Bankoa. Le directeur général de la CRV, Juan Angel Beldarrain, est par ailleurs vice-président de la banque basque. La CRV, qui est bien implantée dans les deux autres provinces basques (Biscaye et Alava), entend être davantage présente dans la troisième. Sa riposte allait prendre par surprise non seulement les Français, mais aussi les principaux actionnaires de Bankoa. L'actionnariat de la banque est de fait très atomisé, le noyau dur étant concentré autour de la famille Ortiguela, sa fondatrice. L'empressement de la CRV est compréhensible : la législation boursière espagnole donne en effet un véritable avantage à celui qui agit en premier. Le Crédit Agricole est désormais tenu, pour présenter une contre-offre, d'améliorer d'au moins 5 % l'offre initiale de la CRV. Celle-ci peut en outre présenter à son tour une surenchère qui est, dans ce cas, considérée comme définitive. Reste que la partie n'est pas encore jouée. D'abord parce que les autorités boursières n'ont toujours pas admis formellement l'offre de la CRV, qui a un statut de coopérative de crédit. Ce serait la première fois en Espagne qu'une institution financière de ce type prendrait le contrôle d'une banque. Mécontentement. Le dossier soulèverait un certain nombre de problèmes légaux. Aussi la Commission nationale du marché de valeurs (CNMV, la COB espagnole), qui n'a pour sa part pas d'objection de principe, a-t-elle bloqué le dossier, et attend le feu vert de la Banque d'Espagne avant de donner le sien. Reste également l'opinion des actionnaires de Bankoa, qui ne cachent pas leur mécontentement face à l'offre de la CRV, qu'ils jugent nettement insuffisante. Bien décidés à tirer parti de la rivalité entre la CRV et le Crédit Agricole pour faire monter les enchères, ces actionnaires semblent toutefois davantage pencher pour l'offre française, qu'ils jugent plus adéquate pour assurer l'expansion de leur établissement. Thierry Maliniak, à Madrid
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