Concurrence + Le fonds américain Fidelity Investment veut casser les prix du courtage au Japon

Quelques années après le marché de la bière et des costumes, la finance japonaise est gagnée à son tour par le virus de la guerre du discount. Le groupe américain Fidelity Investments se préparerait en effet à offrir aux particuliers un service de courtage à des prix « significativement plus bas que ceux de la concurrence » à partir de 1999. A la différence de la majeure partie des maisons de courtage à Tokyo, Fidelity Investments ne devrait pas se lancer dans le conseil en placement, ni poursuivre des activités de recherche pour se concentrer uniquement sur l'objectif d'offrir des commissions de courtage les moins élevées possibles. Arrivée logique. La filiale japonaise de Fidelity a obtenu la semaine dernière la licence de maison de titres auprès du ministère des Finances. L'établissement américain, qui gère notamment le fonds Magellan, le plus gros mutual fund du monde, considère qu'il peut profiter de deux opportunités. Il cherche en premier lieu à tirer parti du discrédit dont souffrent les quatre grandes maisons de titres nippones - Nomura, Nikko, Daiwa et Yamaichi - affectées actuellement par leurs liens avec la pègre locale. Par ailleurs, le retour attendu sur le marché actions des particuliers japonais et de leurs 1.300.000 milliards de yens (plus de 60.000 milliards de francs !) d'épargne offre une opportunité alléchante. L'arrivée de Fidelity Investments est d'autant plus logique que, dans le cadre du big-bang, les réglementations sur les commissions de courtage vont être progressivement libéralisées dès l'an prochain. La profession s'apprête à déclencher une sanglante guerre des prix. « Il y a cependant une limite (un prix plancher) : le coût de service n'est pas nul, notamment au Japon », prévient Jacques d'Estais, directeur de Paribas Capital Markets à Tokyo. Paribas avait été l'une des premières maisons de titres à diminuer ses commissions sur les ordres passés sur le marché OTC l'hiver dernier. « Tokyo va ressembler progressivement à une place occidentale, c'est-à-dire à un marché segmenté entre deux types de spécialistes [horses for courses par analogie avec les courses de chevaux] : d'un côté, les courtiers qui offrent le "package" traditionnel de services (recherche, trading, livraison) et donc une commission libre, et de l'autre, le reste des acteurs qui ne feront qu'exécuter un ordre chassant le moindre coût et les économies d'échelle », prévoit Brian Wa- terhouse, analyste du secteur financier chez James Capel à Tokyo. Grands gagnants. Les grands perdants de ce mouvement seront les petits courtiers japonais n'apportant aucune réelle valeur ajoutée en matière de recherche et dépendant quasi exclusivement des commissions. Les maisons de titres des grandes banques et surtout les étrangers ont de bonnes chances en revanche d'être les grands gagnants. Certains font valoir qu'il faudra du temps avant de voir le retraité d'Hokkaido passer ses ordres sur Internet chez un Américain. D'autres rappellent les ambitions déçues des constructeurs automobiles américains sur l'archipel. Mais, explique un banquier étranger, « à la différence de l'industrie, les Japonais dans la finance sont très mauvais... » Xavier Lambert, à Tokyo
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