Crash du Concorde  : deux thèses s'affrontent au procès

Plus de dix ans après les faits, le procès du crash du Concorde d'Air France, dans lequel 113 personnes avaient trouvé la mort, s'ouvre mardi devant le tribunal correctionnel de Pontoise, dans le Val-d'Oise pour une durée de quatre mois. Il va faire resurgir l'effroi et l'émotion qui ont régné ce 25 juillet 2000, quand, à 16?h?44, le supersonique mythique de la compagnie tricolore s'est écrasé sur l'Hôtelissimo au lieu-dit de la Patte-d'Oie, près de Gonesse. Et ce moins de deux minutes après son décollage de l'aéroport de Roissy- Charles-de-Gaulle. Les 100 passagers de ce vol charter à destination de New York, en majorité des Allemands partant en croisière, les neuf membres d'équipage ainsi que quatre personnes au sol vont y perdre la vie. Les Concorde d'Air France sont immédiatement cloués à terre. Ceux de British Airways, l'autre exploitant du supersonique, continuent de voler jusqu'à la suspension, le 8 août, du certificat de navigabilité. Les vols reprendront à l'automne 2001 pour être définitivement arrêtés en 2003, à cause de coûts d'exploitation trop élevés.Le procès s'annonce polémique. Car deux scénarios s'affrontent sur les causes de l'accident. Retenu par l'enquête, celui du Bureau Enquête Analyses (BEA) et des experts judiciaires assure que Concorde a roulé sur une lamelle en titane tombée d'un DC-10 de Continental Airlines quelques minutes plus tôt, causant l'éclatement d'un pneu dont les projections ont percé le réservoir, provoquant une fuite de carburant, qui s'est enflammé. Six prévenus sont poursuivis pour homicide involontaire. air france, partie civileLa compagnie américaine Continental et deux de ses employés (dont l'un est accusé d'avoir mal fabriqué et fixé la lamelle). Mais aussi deux anciens responsables du programme Concorde et un ancien cadre de la Direction générale de l'aviation civile (Dgac), pour avoir sous-estimé les incidents recensés au cours de la carrière du supersonique (57 cas de dégonflage ou d'éclatement de pneus en vingt-quatre ans d'exploitation). Air France, dont la responsabilité pénale a été écartée, sera partie civile.Continental Airlines nie toute responsabilité et affirme que l'appareil a pris feu avant de rouler sur la lamelle. « Plusieurs témoins déclarent avoir vu l'incendie du Concorde démarrer à 800 mètres environ avant la rencontre avec cette pièce », a déclaré à l'AFP maître Olivier Metzner. Un scénario soutenu par un documentaire de Canal Plus diffusé il y a quelques jours. Selon 28 témoins, le Concorde aurait pris feu environ un kilomètre avant l'endroit où se trouvait la lamelle. L'avocat de la compagnie américaine et celui de l'ancien cadre de la Dgac contestent la validité de l'ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel et vont plaider la nullité de la procédure, a-t-on appris vendredi. Peu de familles de passagers se sont portées partie civile. Beaucoup ont en effet renoncé à des poursuites après avoir touché une forte rémunération. Celles du commandant de bord et des victimes au sol seront présentes.
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