Bruxelles prête à rediscuter le plan d'aide à Dublin

Le souhait du futur Premier ministre irlandais Enda Kenny de renégocier les conditions du prêt de 85 milliards d'euros accordé par l'UE et le FMI à son pays fin novembre a été entendu par Bruxelles. « Je m'attends à ce que cette question des conditions de tarification soit étudiée en fonction de la perspective européenne générale de préservation de la stabilité financière dans la zone euro et de la viabilité de la dette de tous ses membres », a déclaré lundi le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn. Une bonne nouvelle pour le vainqueur des élections irlandaises qui s'est engagé à exiger une réduction du taux d'intérêt qu'il juge « punitif ». L'Irlande paie en effet 5,8 % en moyenne par an, alors que la Grèce avait obtenu 5,2 %. L'UE dispose donc d'une marge de manoeuvre dans la « tarification » de son aide. Une baisse n'est pas à exclure, mais pas avant l'an prochain dans le cadre de « l'ajustement annuel » prévu par le programme. Bruxelles considère que l'accord conclu fin novembre « a été négocié et agréé par le gouvernement irlandais », et qu'à ce titre, le vainqueur des élections doit respecter les engagements de son prédécesseur. Bien entendu, Enda Kenny est libre de vouloir discuter mais il doit s'attendre à ce que les Européens exigent des contreparties. « S'il doit y avoir une renégociation avec l'Irlande, il faudra alors remettre la fiscalité sur la table », considère l'eurodéputé UMP Jean-Paul Gauzès. Bien que la perspective d'une renégociation d'un plan de sauvetage n'enchante guère les responsables européens qui craignent que les autres pays en difficulté fassent de même, ils y voient l'opportunité de briser le tabou de l'impôt irlandais sur les sociétés et ainsi d'avancer vers la convergence fiscale. « Pacte de compétitivité »Paris et Berlin, qui plaident en faveur d'un « pacte de compétitivité » pour mieux coordonner les politiques économiques, pourraient exiger un relèvement de l'impôt irlandais, actuellement le plus bas d'Europe, à seulement 12,5 %. C'était délicat à faire en novembre, lorsqu'il s'agissait de venir en aide de toute urgence à l'Irlande et de sauver la zone euro sans donner le sentiment de profiter de la situation. Le contexte est différent : c'est désormais Dublin qui veut renégocier. Jusqu'ici, Dublin a toujours résisté, arguant que son impôt sur les sociétés était un facteur vital pour sa reprise économique. « Ce n'est pas en augmentant son impôt sur les sociétés de 1 ou 2 points qu'elle fera fuir les multinationales », assure Jean-Paul Gauzès. En attendant, la convergence fiscale aura commencé... Enda Kenny compte demander une révision de son prêt dès vendredi lors d'une réunion des dirigeants du Parti populaire européen à Helsinki.
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