L'essor des ETF freiné par le système de rémunération

Aux États-Unis, plus de 60 % des 665 milliards de dollars d'encours sur les ETF (« exchanged trade funds », fonds indiciels cotés), également appelés trackers, sont détenus par les particuliers. En France, c'est à peine 10 % pour un marché estimé à une quarantaine de milliards d'euros. Certes, le marché américain est plus mature mais ce n'est pas la seule explication. L'un des freins au développement de ces produits auprès des particuliers en France tient au fait qu'ils ne sont absolument pas distribués au sein des réseaux des grandes banques françaises. Ce n'est pourtant pas par manque d'offre puisque BNP Paribas via EasyETF, Crédit Agricolegricole via Amundi ETF et Société Généralecute; Générale via sa filiale Lyxor en proposent. Le problème ? La politique de rétrocession des distributeurs. Car l'un des avantages des trackers est d'appliquer de faibles frais de gestion. À titre d'exemple, un ETF répliquant l'indice CAC 40 facturera 0,25 % de frais de gestion. Avec de tels tarifs, difficile de rémunérer les distributeurs. Ces derniers préféreront vendre une Sicav investie sur cet indice en appliquant des frais de gestion minimum de 1 % sur lesquels ils toucheront quelques dizaines de points de base. D'où la création de parts de fonds qualifiées de « super retail » avec d'importants frais de gestion qui englobent la rémunération des distributeurs. Le calcul est donc vite fait. Ce n'est pas pour rien que Boursorama a logé les ETF dans la partie « trading ». Cela permet à la banque en ligne de SocGen de faire tourner le compteur des frais de courtage et ainsi de contourner l'impossibilité de toucher des rétrocessions sur la distribution de ces produits. Le porteur paie les frais de gestion au promoteur de l'ETF et les frais de courtage à Boursorama.s'inspirer du modèle américainMais le développement de la distribution des ETF en France pourrait aussi passer par une évolution de la réglementation en s'inspirant du modèle américain. Aux États-Unis, a été mis en place, au début des années 2000, un système qui rémunère les conseillers sur la base du contenant et non plus du contenu, à savoir les fonds. En clair, cela doit mettre fin aux arbitrages en faveur des fonds les plus rémunérateurs pour les distributeurs sans être forcément les meilleurs du marché. Une telle réforme est actuellement en cours au Royaume-Uni sous le nom de RDR (« retail distribution review ») et concerne tous types de distributeur. En France, ce système viserait, entre autres, les contrats d'assurance-vie en unité de compte (UC). Pour rappel, la MIF (directive sur le marché des instruments financiers) ne concerne pas ce type d'enveloppe. Ainsi, dans une gestion sous-mandat en compte titres ou PEA, la MIF impose de déclarer le versement des rétrocessions perçues sur les sous-jacents utilisés. Dans le cadre d'un contrat d'assurance-vie en UC, dans lequel il peut y avoir les mêmes supports que dans un mandat de gestion, ce n'est pas obligé. T. S.
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