Les banques américaines ont beaucoup à perdre d'un encadrement des dérivés

RégulationAlors que les parlementaires américains s'apprêtent à faire leur rentrée, Wall Street retient son souffle. Après la crise financière, la tentation de réguler le marché de gré à gré des produits dérivés, qui pesait 592.000 milliards de dollars à fin 2008, pourrait bien entamer les revenus des banques. À commencer par les cinq grandes : JP Morgan, Goldman Sachs, Bank of America, Morgan Stanley et Citigroup. Selon Bloomberg, à elles seules, les cinq géantes de Wall Street seraient en passe de gagner 35 milliards de dollars cette année sur l'activité de trading de produits dérivés (options, contrats à terme, contrats d'échange et dérivés de crédit). L'enjeu est donc de taille et promet un lobbying intense. Celui-ci aurait d'ores et déjà commencé, sous la forme de sessions de formation soulignant l'utilisation par les entreprises des dérivés pour couvrir leurs risques.Le 11 août dernier, l'administration Obama a transmis au Congrès sa proposition législative pour encadrer ces marchés jusqu'alors non régulés. Désireux de ne pas revivre les épisodes connus l'an dernier avec les difficultés d'AIG et la chute de Lehman Brothers, le département au Trésor entend obtenir le passage obligé par des chambres de compensation pour les produits dits standards. En se portant contrepartie de tout acheteur ou vendeur, ces organismes évitent que les déboires d'un seul intervenant n'emportent l'ensemble du système. Pour améliorer le fonctionnement et la transparence de ce marché, Washington entend imposer, toujours pour ces produits dits standards, une négociation sur des places de marché ou des systèmes régulés. Une initiative à double tranchant pour les banques.D'une part, aujourd'hui, le client qui souhaite se couvrir contre un risque via un contrat ne possède pas le même niveau d'information que son banquier. Lui-même doit pouvoir se couvrir à un prix inférieur à celui qu'il pratique. C'est une source de bénéfice qui pourrait être amputée demain, lorsque la transparence sera offerte au client. exigences accruesD'autre part, la compensation suppose de mobiliser des actifs en garantie, ce qui aura un coût pour la banque. Cette perspective ne plaît pas davantage aux entreprises clientes, qui subiront aussi des exigences prudentielles accrues. Selon les analystes de Sanford Berstein, les revenus des banques sur cette activité pourraient diminuer de 15 %, du seul fait de l'obligation de la compensation. L'administration Obama est déterminée à avancer vers des marchés sécurisés. Si les dérivés sur mesure ne pourront pas passer par la case compensation, ils devront être assortis d'exigences en fonds propres plus élevées. Quant à la définition du produit standard, Washington la veut large. C. FR.
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