Les banques irlandaises toujours plombées

La bombe à retardement Anglo Irish Bank, banque nationalisée en décembre 2008, n'en finit pas d'éclater au visage de l'Irlande (voir aussi page 3). Ce jeudi, le gouvernement a dû revoir à la hausse le coût de son sauvetage : 29,3 milliards d'euros, soit 6,4 milliards d'euros de plus qu'annoncé en mars 2010. En cas de forte crise, la facture pourrait même grimper jusqu'à 34 milliards. Deux autres banques vont également être à nouveau renflouées. Allied Irish Bank a besoin de 3 milliards d'euros supplémentaires. L'argent sera levé via une augmentation de capital privé, mais l'Etat s'en porte garant et devrait en avoir une participation majoritaire. Enfin, Irish Nationwide Building Society requiert 2,7 milliards d'euros de plus. Au total, le sauvetage bancaire coûte 20 % du PIB irlandais. L'histoire de ces banques est avant tout celle de l'énorme bulle immobilière qu'a connue l'ancien Tigre Celtique. Les prix ont progressé de 450 % pendant la décennie avant la crise. Les banques, se finançant à faible prix sur les marchés financiers internationaux, ont accordé très facilement des prêts immobiliers. Leurs bilans ont tellement gonflé que celui d'Anglo Irish Bank équivalait à la moitié du PIB irlandais avant la crise. créances douteusesQuand la bulle immobilière a éclaté (les prix ont baissé de 50 % par rapport à leur pic), les Irlandais se sont retrouvés incapables de rembourser leurs prêts. Dublin a dû intervenir, mais s'est montré coupable d'un certain laxisme dans l'estimation des dommages. « Le gouvernement était trop optimiste », estime Alan McQuaid, économiste à la maison de courtage Bloxham.Le vrai problème est cependant ailleurs : tant que les prix immobiliers continuent à baisser, les créances douteuses des banques se détériorent. Ainsi, les prêts non performants d'Anglo Irish Bank qui vont être transférés au NAMA, la « mauvaise banque » créée par l'Etat irlandais, subissent une décote de 67 % ! En d'autres termes, ils ne valent aujourd'hui que le tiers de leur valeur nominale.Le coût du sauvetage bancaire est-il désormais définitif ? Brian Lenihan, le ministre de l'économie, affirme que le problème est maintenant « réglé ». Mais il avait tenu des propos très similaires en mars dernier, lors du précédent sauvetage. Et une nouvelle baisse de l'immobilier - même si le marché semble se stabiliser - pourrait faire grimper de nouveau la facture.Eric Albert, à Londre
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