Le grand emprunt aiguise l'appétit des industriels

Le grand emprunt annoncé en juin par Nicolas Sarkozy ouvre l'appétit des industriels même si, pour l'heure, le flou demeure sur son montant. « C'est vrai qu'il y a une belle file d'attente pour en bénéficier », résume Louis Gallois, le président exécutif d'EADS. Car cette manne suscite de réels espoirs. « Depuis dix ans, nous demandons à ce que soit définie pour notre pays une stratégie industrielle, qui avait totalement disparu depuis la fin des années 1970, explique à ?La Tribune? le président du Groupe des fédérations industrielles (GFI), Yvon Jacob. Depuis vingt à vingt-cinq ans, la France industrielle et la France tout court n'avaient plus de stratégie dans ce domaine, contrairement à nos concurrents, allemands et américains, notamment. Il s'agit de savoir si notre pays est capable, par une collaboration étroite entre État et industriels, de définir les priorités pour maintenir, voire améliorer, sa position dans l'industrie mondiale. »« pas dans la course » Dans cet esprit, le GFI a présenté hier, devant la commission Rocard-Juppé, un document commun aux diverses fédérations (chimie, électronique, mécanique?), hors aéronautique. Il a identifié les marchés d'avenir dans lesquels il prône un investissement conjoint État ? entreprises en recherche et développement (R&D). À l'image de ce qui a été fait pour l'aéronautique, l'énergie et le ferroviaire dans les années 1970. « Les ordres de grandeur sont simples, estime Yvon Jacob : en dessous de 3 % du PIB en R&D, on n'est pas dans la course. En France, on est à 2 % ; il faudrait donc augmenter de 50 % les moyens mis en ?uvre. » Le GFI préconise des efforts sur des projets de long terme ? « au moins cinq-dix ans » ?, soumis à des critères d'exécution et de rentabilité définis au préalable. Le directeur général d'Airbus, Fabrice Brégier, souhaite, lui, que la filière aéronautique profite de cet emprunt pour lancer la nouvelle génération d'avions civils, qui est « autant un enjeu environnemental qu'un enjeu de compétitivit頻. « La France doit être le moteur dans cette action. » Et les industriels de l'armement (Gicat) sont aussi preneurs pour financer les technologies du futur.Concrètement, l'emprunt bénéficiera sans doute à l'automobile avec une forte volonté de l'État d'investir dans la voiture électrique. Début septembre, François Fillon avait dit qu'il fallait concentrer le grand emprunt « sur trois à cinq priorités stratégiques » comme la voiture électrique et les biotech. Il avait ajouté le numérique quelques jours plus tard. Nicolas Sarkozy a, lui, suggéré à la mi-septembre d'en consacrer une partie aux sciences du vivant et à l'émergence de « centres biomédicaux d'excellence » de réputation internationale. Le ministre de la Défense, Hervé Morin, a déjà sa « copie prête », avec des projets dans les « technologies de l'information et de la communication (radios du futur) » et les transports, dont de « nouveaux hélicoptères » et leurs moteurs. Enfin, certains élus locaux verraient bien le grand emprunt financer une partie de la modernisation des réseaux électriques.
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