Thomson en appelle au tribunal pour remettre de l'ordre dans sa dette

ÉlectroniqueDans l'incapacité de réunir l'ensemble de ses créanciers autour d'un projet de restructuration de sa dette, Thomson s'est finalement résolu à entamer hier une procédure de sauvegarde auprès du tribunal de commerce de Nanterre. Cette procédure, sans lien avec une dégradation opérationnelle, vise à permettre la poursuite de l'activité et l'apurement du passif d'entreprises qui risquent le défaut de paiement. Elle doit donc permettre à Thomson « de finir la restructuration de [sa] dette en février », a déclaré hier à « La Tribune » Frédéric Rose, PDG du spécialiste des services aux créateurs de contenus. Les créanciers de Thomson seront appelés à voter le 21 et 22 décembre sur le projet de restructuration de la dette présenté par le groupe fin juillet. Les actionnaires devront ensuite le voter en assemblée générale, prévue le 27 janvier.En négociation depuis des mois sur la restructuration de sa dette, sur laquelle il est en défaut, Thomson s'est retrouvé au milieu d'un imbroglio reflétant la complexité des marchés des produits dérivés. L'entreprise avait présenté fin juillet un accord de restructuration de son endettement qui devait permettre de ramener celui-ci de 2,84 milliards à 1,55 milliard d'euros. Cet accord, prévoyant différents mécanismes de conversion de dette en titres, avait recueilli l'aval d'une majorité de ses créanciers seniors. Thomson avait donné jusqu'à fin novembre à l'ensemble de ses créanciers pour valider ce plan, qui lui avait accordé un moratoire sur le paiement de ses dettes expirant hier, lundi 30 novembre.pour les récalcitrantsMais ce projet d'accord a déclenché une nouvelle procédure mise en place par une instance regroupant des acteurs des produits dérivés, l'ISDA, qui a pour objet un dénouement des CDS (« credit default swap »), c'est-à-dire la clôture des contrats d'assurance contre un défaut de paiement du groupe. Le règlement de cette procédure, intervenu le 22 octobre par un processus d'enchères, a permis de dénouer deux tiers des contrats. Mais cette enchère a également amené, parmi les créanciers du groupe, de nouveaux acteurs souvent insaisissables, les CDS s'échangeant rapidement et laissant Thomson sans interlocuteurs identifiés. « Dans le processus informel que nous menions, nous avons rencontré un problème pratique, nous n'arrivions pas à trouver les détenteurs de titres. Dans la procédure de sauvegarde, les investisseurs devront se faire connaître », précise Frédéric Rose.Le passage sous procédure de sauvegarde présente un autre avantage pour Thomson, confronté depuis des mois aux intérêts variés de ses créanciers. Le président du tribunal de commerce pourra imposer un accord passant outre l'opposition de certains récalcitrants, qui ont aujourd'hui le pouvoir de bloquer l'ensemble du processus. Le plan de restructuration de la dette de Thomson qui sera arrêté devra en effet, pour être accepté, recueillir l'approbation des deux tiers de ses créanciers.Le poids écrasant de la dette de Thomson, héritée d'une politique d'acquisition hasardeuse, a été à l'origine de la descente aux enfers de la société, dont le cours de Bourse a perdu 90 % de sa valeur en 2008. Olivier Hensge
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