Le cri d'alarme des agents d'assurance

Le torchon brûle entre les agents généraux et les compagnies d'assurances dont ils distribuent en exclusivité les produits. Ces professionnels de proximité, bien implantés en milieu semi-rural et dans les villes moyennes, constituent la vitrine de la société qu'il représente. Ces notables régionaux, parfois élus municipaux ou juges au tribunal de commerce, entretiennent volontiers des rapports orageux avec les compagnies. Mais cette fois, la fracture semble très sérieuse, comme le montrent les propos du président de la Fédération des syndicats d'agents, Philippe de Robert. « Aujourd'hui, les conditions économiques ne sont plus réunies pour appliquer cette exclusivit頻, affirme-t-il avant d'appeler à rediscuter la convention signée en 1996 avec les assureurs, qui forme le socle de l'exercice de leur métier.Ce lien d'exclusivité avec la compagnie d'assurances, dont l'agent général détient un mandat, est un élément fondamental de son statut datant de 1949. Cette profession libérale d'un genre bien particulier se distingue de celle du courtier d'assurances (multi-enseignes) ou du commercial salarié. En contrepartie de l'engagement de vendre uniquement (à quelques rares exceptions) les polices d'assurance de la société dont il porte le nom, l'agent général bénéficie du soutien marketing, commercial et logistique de la compagnie. Le désaccord porte sur les modalités d'application de ce soutien dans un environnement économique mouvant.Après avoir subi dans les années 1970 et 1980 les assauts concurrentiels des mutuelles sans intermédiaires (Macif, Maaf, Matmut...) en assurance auto et habitation pour les particuliers, les agents ont dû faire face à l'arrivée des agences bancaires. Très puissantes dans la distribution d'assurance-vie, un produit d'épargne proche de leur métier, les bancassureurs se sont mis à vendre de l'assurance dommages aux particuliers avec des réussites impressionnantes comme au Crédit Mutuel et au Crédit Agricolegricole. L'arrivée prochaine de La Banque Postale (en partenariat avec Groupama) sur ce créneau fait craindre le pire aux agents. Ils sont par ailleurs confrontés à l'essor de la vente à distance et plus spécialement sur Internet avec la multiplication d'offres « discount ». Même si la souscription d'assurance en ligne reste encore faible, la comparaison des prix, elle, fait rage.Pour durer, les agents doivent donc se diversifier vers des produits en assurances de personnes (vie, prévoyance, santé) avec lesquels une majorité d'entre eux restent peu familiers et qui sont moins bien rémunérés par les compagnies. Ils doivent aussi se tourner vers des produits moins banalisés et vers des clientèles plus complexes comme les commerçants ou les entreprises. La mutation est bien engagée dans certains réseaux comme celui de Generali, mais d'autres tardent à s'y mettre provoquant frustration et mécontentement.
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