Les entreprises capables de fixer leurs prix récoltent les faveurs des investisseurs

Avec l'envolée des cours des matières premières, les entreprises multiplient les annonces de hausse de prix depuis plusieurs semaines. Mardi, Michelin a fait savoir qu'il allait augmenter ses tarifs en Afrique, en Inde et au Moyen-Orient, deux semaines seulement après avoir annoncé un premier relèvement en Europe. Le 15 février dernier, Danone indiquait également, à l'occasion de la publication de ses résultats annuels, que ses prix progresseraient de 2 % à 2,5 % en 2011 en France. Des annonces, qui se traduisent par des hausses de cours. Depuis début février, les actions Michelin et Danone ont respectivement grimpé de 10 % et 3 %. Même tendance pour Nexans (+ 13 % sur la même période), dont l'objectif d'amélioration de ses marges suggère une certaine capacité d'adaptation à un contexte inflationniste pour le cuivre et l'aluminium. C'est ce que les financiers désignent par le terme jargonneux de « pricing power », ou la faculté des entreprises à imposer des hausses de prix pour préserver leurs marges. Même l'oracle d'Omaha, Warren Buffet a confirmé, le 18 février, son intérêt pour ce profil de groupes. Selon Gérard Moulin, gérant actions chez Delubac AM, il s'agit d'entreprises « détenant un savoir discriminant, une marque forte, une avancée technologique indiscutable et ayant su ériger des barrières à l'entrée difficilement surmontables par les concurrents ». L'agroalimentaire pénaliséC'est le cas de certains spécialistes de la santé (Orpéaacute;a), du luxe (Todd's, LVMH), des hautes technologies (Dassault Systems) ou encore de grands champions industriels comme Essilor. D'ailleurs, depuis les plus hauts du CAC 40 en juin 2007, l'opticien figure avec LVMH, Technip, Air Liquide ou encore Michelin parmi les rares hausses de l'indice sur la période. Dans l'agroalimentaire, Gérard Moulin privilégie le segment des spiritueux, pour lequel l'impact de la hausse des matières premières ne représente que 3 % du chiffre d'affaires. Mais, dans un contexte de reprise économique fragile, on peut se demander dans quelles mesures les entreprises vont pouvoir continuer de répercuter l'alourdissement de leur coût de revient sans risquer de perdre des clients. « Certaines entreprises pourront faire admettre des prix plus élevés tant que cette hausse est justifiée par l'augmentation du coût des matières premières et qu'il n'apparaît pas que la société tire profit de la situation », estime David Kalfon, directeur des investissements d'EFG AM. Et d'ajouter : « Au-delà du problème d'un baril de pétrole à 120 dollars, ce qui compte surtout c'est la durée pendant laquelle les cours de l'or noir vont se maintenir à des niveaux élevés. » Pour l'heure, cet environnement pénalise en Bourse les sociétés exposées à la consommation. Depuis le début de l'année, le compartiment de l'agroalimentaire signe la deuxième plus forte baisse sectorielle de l'indice Stoxx 600 (- 3,6 %). Blandine Hénault
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