Les éditeurs européens, « petits poucets » face aux Américains

Les éditeurs européens de logiciels face à leurs concurrents américains, c'est David contre Goliath. Les très bons résultats du numéro un mondial du secteur, Microsoft - qui a publié en fin de semaine dernière une envolée de 51 % de son bénéfice net, au titre du premier trimestre 2010/2011, à 5,4 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) -, ont fait office de vilaine piqûre de rappel pour les 100 premiers éditeurs européens. Dont le chiffre d'affaires global est ressorti à 27,1 milliards d'euros l'an passé, selon le dernier classement du cabinet Truffle Capital, soit à eux tous, 60 % de l'activité annuelle du seul Microsoft. Les éditeurs européens font d'autant plus figure de « Petit Poucet » que l'allemand SAP représente à lui seul 40 % de leur chiffre d'affaires total. Conséquence de ce déséquilibre, les éditeurs européens voient leur propre marché leur échapper, les américains Microsoft et IBM occupant respectivement la première et la seconde place sur le podium des ventes de logiciels en Europe. De plus, dans le secteur du logiciel, rentabilité rime avec taille critique. Les trois premiers européens - SAP, le britannique Sage et le français Dassault Systèmesave;mes - dégagent en moyenne une marge nette de 16 %, près de deux fois supérieure à celle des 25 derniers éditeurs. Si les éditeurs européens ne font pas le poids, c'est d'abord parce que les Américains proposent des logiciels plus généralistes, s'adressant aussi au grand public et donc plus facilement commercialisables à l'étranger. Ensuite, Microsoft, Oracle et autre Adobe disposent d'un énorme marché homogène : les États-Unis. Rien de tel en Europe : en raison des réglementations comptables et fiscales spécifiques de chaque pays, un logiciel de comptabilité français sera inutilisable au Royaume-Uni, par exemple. Enfin, les éditeurs européens de logiciels, plus tournés vers la clientèle des entreprises - dont moins de la moitié réalisent un chiffre d'affaires annuel supérieur à 100 millions d'euros - ne bénéficient pas d'un « Small Business Act », ce contrat qui assure depuis 1953 aux PME américaines que les administrations publiques leur réserveront entre 20 % et 25 % de leurs commandes. Concentration nécessaireEn attendant d'éventuelles initiatives de la Commission européenne en la matière, « la concentration des éditeurs européens est indispensable », martèle Patrick Bertrand, président de l'Association française des éditeurs de logiciels. Encore faut-il que ceux-ci aient les moyens de procéder à des acquisitions. « Ils ont besoin de capitaux-investisseurs, mais pas pour un horizon relativement long. Le Fonds stratégique d'investissement [créé par l'État] peut répondre à cette problématique de financement », milite Patrick Bertrand. À bon entendeur... Christine Lejoux
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