En Allemagne, le marché des génériques subit le diktat des caisses d'assurance-maladie

Les fabricants allemands de médicaments génériques ont bénéficié de la volonté publique de réduire les coûts du système de santé. Selon leur association, Pro Generika, 74,9 % des boîtes de médicaments vendues en 2010 outre-Rhin étaient ainsi des génériques. Pour autant, les fabricants ont le sentiment d'être les victimes plus que les vainqueurs des politiques de maîtrise des coûts. Leur principal grief est la pratique dite des « contrats de rabais » autorisée depuis 2003 et encore favorisée par la loi en 2007.De quoi s'agit-il ? Les caisses d'assurance-maladie du régime général lancent un appel d'offres sur certaines molécules. Le fabricant qui l'emporte obtient pour un an une sorte de monopole. Si le médecin ne l'interdit pas de façon explicite, le pharmacien est alors en effet tenu de livrer à l'assuré le produit choisi par sa caisse. Le but est évidemment de dégager le prix le plus avantageux possible pour les caisses. Mais les fabricants de génériques estiment être doublement perdants : d'une part, ce système exclut la plupart d'entre eux du marché pendant un an et, d'autre part, cela contraint les laboratoires à consentir des rabais très importants pour l'emporter, notamment auprès des grandes caisses comme l'AOK, ce qui met à mal leurs marges. Sans compter que la transparence de ces « enchères négatives » est souvent mise en doute.La dure loi des « enchères »Régulièrement, les laboratoires de génériques portent l'affaire devant la justice afin de décourager les caisses de se livrer à ces « enchères ». Reste que le marché du générique allemand est désormais gouverné par cette pratique : en juin 2010, on comptait ainsi 31.476 produits concernés (près de 10 % de plus qu'un an plus tôt), soit 66 % des boîtes de génériques vendues et 58 % du chiffre d'affaires réalisé. Au 1er janvier 2011, une nouvelle loi, baptisée par son acronyme AMNOG, est entrée en vigueur. Elle vise à assouplir en théorie les contraintes de ces « contrats de rabais ». Désormais, un patient pourra choisir un autre produit que celui ayant un contrat avec sa caisse. Mais il devra le payer à la pharmacie et ne sera remboursé que partiellement par sa caisse. Autant dire que nul ne croit que cette nouvelle méthode changera la situation. « Cette loi n'a apporté aucun développement positif qui pourrait assurer la diversité des offres et donc la concurrence des prix », estime Pro Generika. D'autant que l'AMNOG apporte avec elle une nouvelle charge pour les fabricants : une systématisation de la taille des boîtes concernées par ces « contrats de rabais » autour de trois formats.
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