La livre sterling dans le tonneau des Danaïdes

Il ne faut pas se voiler la face, estiment la plupart des économistes : la livre sterling, qui enfonce depuis six séances des planchers de dix mois face au dollar, connaît ses heures les plus sombres depuis 1985. En février de cette année noire, elle avait frôlé la parité avec le dollar pour la première fois de son histoire.Alors que la livre avait refranchi en fanfare le seuil de 2 dollars, à la moitié de 2007, pour s'y maintenir pendant un an du temps de sa splendeur retrouvée, la monnaie de Sa Majesté a replongé en dessous de 1,50 lundi dernier, touchant un point bas à 1,4785 et se maintient dans cette anti- chambre glacée en prélude à la nouvelle descente aux enfers que lui prédisent les Cassandre. Bien qu'elle résiste mieux face à un euro lui-même en perte de vitesse, la livre se retrouve à son plus bas niveau depuis neuf mois, après une rechute jusqu'à 0,9150. C'est dire qu'elle ne vaudrait plus que... 7,20 de nos vieux francs français. Les mêmes fossoyeurs de la livre évoquent sa prochaine dérive à parité avec la monnaie unique, dont elle s'était approchée en décembre 2008, pour la première fois depuis la naissance de l'euro.déclin accéléréÀ leur décharge, ils savent que personne ne volera à la rescousse de la livre, dont les responsables travaillistes actuels ont même encouragé le déclin accéléré, au nom de la sauvegarde de la compétitivité des exportations britanniques. Les paris à la baisse ne peuvent que proliférer, encouragés par le gouffre des finances publiques, les incertitudes électorales grandissantes et l'opération géante de l'assureur Prudential sur la branche asiatique de son concurrent AIG, qui va impliquer une énorme transaction de change, portant sur la vente de livres contre des dollars. Si l'on ajoute le possible recours à de nouveaux rachats d'emprunts d'État par la Banque d'Angleterre, évoqués la semaine dernière par son gouverneur Mervyn King, au moment où les autres banques centrales du groupe des Sept peaufinent leurs dispositifs de sortie de crise, la livre sterling devient la plus rébarbative des grandes monnaies. Isabelle Croizard
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