Inondations : le bétonnage et le goudronnage mis en accusation

La tempête Xynthia, malgré ses dramatiques conséquences, a au moins un mérite. Elle fait resurgir la question cruciale de l'aménagement du territoire et ce qu'il est convenu d'appeler l'artificialisation des sols. Vulgairement parlant, le bétonnage, le goudronnage et les actions anthropiques consécutives de l'urbanisation. Ce phénomène qui cloisonne et morcelle les milieux naturels contribue à aggraver les dégâts dus aux catastrophes naturelles en les intensifiant et en prolongeant leurs effets dans le temps. Ainsi, les quelque 45.000 hectares inondés aujourd'hui en Vendée et en Charente-Maritime mettraient sans doute moins longtemps à s'assécher si le littoral avait été moins (ou mieux) modifié. Chaque année, l'artificialisation des sols gagne 60.000 hectares sur la nature. Soit, selon des spécialistes, pratiquement un demi-département tous les dix ans. Et comme par un fait exprès, ce sont les littoraux qui subissent les plus fortes pressions, notamment du fait de leur attractivité, note l'Institut français de l'environnement (Ifen), dans une étude consacrée à ce sujet. Le long des côtes, les zones urbaines, les constructions industrielles et commerciales, les réseaux de communication (routes, voies ferrées, parkings...) et les espaces verts artificiels (jardins, aires de jeux, parc de loisirs...) recouvrent 13 % des communes littorales. Soit une proportion trois fois supérieure à la moyenne métropolitaine, pointe l'Ifen. L'artificialisation et l'urbanisation qui, dans la dernière décennie, ont globalement progressé de 16,9 % au détriment d'un recul de 13,1 % des surfaces agricoles, de 3,1 % des prairies et de la même proportion de forêts, ont fortement contribué à l'augmentation des risques d'inondation. vulnérabilitéSelon le ministère de l'Environnement, une commune sur trois est exposée à un risque d'inondation. En dépit d'une loi de 1995 qui interdit de construire en zone inondable par l'imposition de plans de prévention des risques (PPR) dans les plans d'urbanisme locaux, les constructions en zone inondable se sont poursuivies. Dans son rapport de 2009, la Cour des comptes cite l'exemple du Gard. « En 1999, 30 % des zones urbanisées étaient situées en zone inondable, soit 37 % de la population. La population du Gard habitant dans les lits majeurs des cours d'eau a augmenté de 6,5 % de 2000 à 2005, l'accroissement de la population en zone inondable étant comparable à celle hors zone inondable (+ 10,1 %, contre + 11,9 %). La vulnérabilité potentielle des habitants du Gard face aux inondations a donc continué à augmenter dans la dernière décennie. » Tout est dit !
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