L'euro s'envole à la veille du conseil de la BCE

Ce n'est pas un hasard si les acteurs du marché des changes ont choisi la veille de la réunion mensuelle « décisionnelle » du conseil de la Banque centrale européenne pour faire monter l'euro à son plus haut niveau de l'année face au dollar. La perspective d'une hausse de ses rendements par rapport au billet vert a redoré l'attrait de la monnaie unique, avec d'autant plus de force que mardi et mercredi le président de la Fed, lors de son audition semestrielle devant le Congrès, a promis une « période prolongée », pour reprendre l'expression désormais consacrée, de taux exceptionnellement bas. Ceux-ci sont déjà nettement inférieurs à ceux, de 1 %, offerts sur l'euro, puisqu'ils sont voisins de zéro depuis décembre 2008. Résultat, l'euro est monté au dessus de 1,3890 dollar, au plus haut depuis début novembre. C'est à la fois une bonne nouvelle, puisque cette vigueur allège la facture d'importation de matières premières libellée en dollars et sert de rempart contre l'inflation, et une mauvaise nouvelle sur le front de la croissance et des exportations.Maints responsables de la BCE, gardienne orthodoxe de la stabilité des prix dans la zone euro, sont récemment montés à la tribune pour mettre en garde contre une dangereuse dérive inflationniste qui risque de dégénérer en effets de second tour. La première estimation de l'inflation des Dix sept, délivrée mardi par Eurostat, fait état d'une hausse de l'indice des prix harmonisé de 2,4 % en glissement annuel en février, largement au dessus de la borne supérieure de 2 % fixée par la BCE, une ligne blanche franchie depuis maintenant trois mois. Et le lendemain, on a appris que les prix à la production avaient bondi de 1,5 % en janvier, soit 6,1 % sur un an.Nouvelle rigueurLa récente flambée des prix des matières premières et sa menace de contamination à l'ensemble des prix et des salaires, sera au coeur des débats du conseil des gouverneurs de ce jeudi qui, comme au printemps 2008, commence à céder à la tentation de resserrement de la politique monétaire. Jean-Claude Trichet n'a-t-il pas lancé lui-même au lendemain du G20 finances : augmenter les salaires « serait la dernière des bêtises à faire ».Si la BCE a commencé à durcir le ton, elle ne passera cependant pas à l'acte avant d'avoir savamment balisé le terrain. Ce n'est que lorsqu'elle aura réintégré dans son discours le terme de « forte vigilance » que l'on pourra commencer à envisager une hausse imminente des taux. Pour cela, il faudra que l'inflation continue de déraper, au delà de ce qui est déjà anticipé par la BCE. Il faudra sans doute attendre au moins jusqu'à l'été.
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