Olivier Galland, sociologue au CNRS (*)Comment les jeunes Français traversent-ils la crise ?Ce sont les premiers touchés en période de crise. Le phénomène est plus violent dans notre pays que dans d'autres pays européens, en raison de la dichotomie qui existe entre les CDD et les CDI. Les jeunes étant depuis dix à quinze ans surtout embauchés en CDD, ils sont la variable d'ajustement des entreprises en période de crise. L'emploi des jeunes surréagit en période de crise, mais ce sont aussi les premiers à profiter de la reprise, lorsque celle-ci reviendra.Est-ce un mal uniquement français ?Nous partageons cela avec les pays du sud de l'Europe. À la différence des marchés du travail des pays nordiques et britanniques qui sont plus souples. Au Danemark, par exemple, la flexibilité ne se concentre pas sur les jeunes. D'ailleurs, ils sont plus optimistes que les jeunes Français.Tous les jeunes sont-ils touchés de la même manière ?En France, le taux de jeunes non diplômés est assez élevé car notre système éducatif est très peu performant. Près d'un jeune sur cinq sort de sa formation initiale sans diplôme et est particulièrement touché par le chômage. Mais cela ne veut pas dire que les jeunes diplômés échappent à la crise. Pour eux, le délai de retour à l'emploi sera plus long.Le diplôme est donc primordial ?Tout dépend du type de diplôme obtenu dans le supérieur. Car notre offre de diplômes n'est pas bien adaptée à l'économie. Et comme il n'y a pas eu de rationalisation des qualifications dans un certain nombre de domaines, comme les diplômés en sciences humaines, qui ont des difficultés à trouver un emploi, certains bac + 5 ont plus de difficultés sur le marché du travail que des bac + 2, type BTS. Propos recueillis par I. M. (*) Auteur du livre « Les jeunes Français ont-ils raison d'avoir peur ? ». Éditions Armand Colin.

latribune.fr

03 Sept 2009, 1:38

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