Joan Mitchell retrouve sa Normandie

expositionMême si elle vécut plus de la moitié de sa vie en France, l'artiste américaine Joan Mitchell (1926-1992) n'a jamais vraiment aimé parler français. La raison en est simple : depuis l'enfance, chaque lettre était pour elle associé à une couleur. A pour vert ou C pour jaune, par exemple. Aussi, comme elle le disait, « le C-I-E-L ne ressemble certainement à aucun de mes S-K-Y avec leur rouge, gris bleu et jaune ». On la voit même dans un film réalisé en 1976 et présenté en exergue de l'exposition qui lui est consacrée au nouveau musée des Impressionnismes de Giverny dire qu'elle est insatisfaite d'une de ses toiles monumentales en raison d'une petite zone bleue, trop vive à son goût. On comprend que sa réaction n'a rien d'exagéré. Changez la lettre d'un mot et son sens diffère du tout au tout.La couleur est une donnée décisive dans l'?uvre de Joan Mitchell. L'explosion chromatique qui s'offre à nous dès la première salle du parcours est là pour nous le rappeler. L'artiste était fascinée par les impressionnistes ? tout particulièrement par Van Gogh même si c'est plutôt au travail de Monet que tout le monde s'accorde à la rapprocher, ce qu'elle a toujours pris plaisir à nier. Comme eux, elle cherchait à exprimer à travers ses teintes les sentiments qu'elle ressentait devant la nature.émotion et énergieAutre caractéristique de sa peinture : un mouvement vivifiant qui, comme chez Jackson Pollock, nous absorbe et nous étourdit. C'est sans doute ça le « style Mitchell » : un mélange très personnel d'impressionnisme pour l'émotion et d'expressionnisme abstrait pour l'énergie.Des vingt et une toiles présentées à Giverny, la moitié provient de collections américaines. Nombre d'entre elles n'avaient jamais été exposées sur notre territoire. Rappelons qu'en 1967 l'artiste ? qui vivait déjà en France depuis 1959 avec son compagnon de l'époque Jean-Paul Riopelle ? acheta une maison à Vétheuil, tout près de l'ancienne demeure de Monet. Elle y vécut et y travailla jusqu'à sa mort. Le bonheur est donc encore plus grand d'apprécier son ?uvre dans cette même région. Au c?ur d'une nature qui a su fantastiquement l'inspirer. n« Joan Mitchell ? Peintures » jusqu'au 31 octobre à Giverny. Tél. : 02.32.51.94.67 ? www.mdig.fr
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