Le dollar fait un pied de nez au G7

J'ai longtemps été accro aux réunions du G7 et maintenant je vais à la pêche », avouait un stratège change désabusé alors que les grands argentiers des pays les plus riches du monde entamaient leur grand-messe à Istanbul. Depuis que les gendarmes monétaires autoproclamés au milieu des années 1980 se sont fait déposséder de leurs prérogatives par le G20, leur pouvoir d'influence sur le marché des changes s'est atrophié. Lequel G20 n'a pas cru bon de mettre les taux de change à son ordre du jour officiel. Des voix de plus en plus nombreuses se sont pourtant élevées pour stigmatiser le récent accès de faiblesse du billet vert. Pas plus tard que jeudi, le président de la Banque centrale européenne a joint la sienne au chorus. De Göteborg, en Suède, Jean-Claude Trichet a souligné que les « mouvements désordonnés » des monnaies ont des « implications défavorables » sur les économies dont la reprise est encore fragile. Même son de cloche de la part de Mark Carney, le gouverneur de la Banque du Canada, dont le dollar local a bondi de 12 % cette année face au billet vert. Des prises de position qui ont incité Ben Bernanke à sortir du bois. Bien qu'il ne soit pas habilité à s'exprimer sur le dollar, chasse gardée du Trésor américain, le patron de la Fed a admis que « si nous ne remettons pas de l'ordre chez nous, cela mettra le dollar en danger », pointant le déficit budgétaire exorbitant de l'Oncle Sam. Le secrétaire au Trésor américain, Tim Geithner, y est lui aussi allé de son couplet, reprenant à son compte le credo du « dollar fort dans l'intérêt des États-Unis ».Fort opportunément pour ce qu'il faut bien appeler « feu le G7 », en tout cas en ce qui concerne son influence sur le marché des changes, le dollar a amorcé une reprise au cours de la semaine écoulée et repris des couleurs à la veille du week-end. Après avoir touché un plancher de plus d'un an face à l'euro, en venant tutoyer le seuil de 1,48, il a oscillé vendredi entre un point haut de 1,4480, touché juste après la publication du rapport sur l'emploi américain en septembre qui a ravivé l'aversion au risque et 1,4650. Les États-Unis ont en effet détruit 263.000 emplois ? 100.000 de plus qu'anticipé par le consensus des économistes ? dans un contexte de nouvelle montée du taux de chômage de 9,7 % à 9,8 % de la population active. Cette dégradation surprise du marché de l'emploi ajourne sine die toute velléité de hausse des taux de la Réserve fédérale américaine. Historiquement, la Fed n'a jamais infléchi sa politique monétaire à l'issue d'une phase de récession sans avoir constaté au préalable une amélioration de la situation de l'emploi. En théorie, cette situation devrait plomber le billet vert assorti de taux voisins de zéro et qui avait récemment fait office de véhicule des stratégies de portage, consistant à jouer sur les écarts de rendements. Mais, de l'aveu même des investisseurs, ils ont survendu le dollar après l'avoir fait sortir, au début du mois dernier, de la fourchette de transactions dans laquelle il évoluait depuis juillet. Un répit s'imposerait ! nle G20 n'a pas cru bon de mettre les taux de change à son ordre du jour officiel.
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