Craquements en Europe

La crise a commencé il y a deux ans, et il n'y a pas encore eu de défaut d'un pays souverain. Mais la situation semble empirer dans les pays de la périphérie européenne. Au Portugal, l'agence Moody's signale « les problèmes économiques structurels, aggravés par la crise économique, mais aussi le peu de volonté politique pour les régler ». En Grèce, la même agence Moody's a mis sous surveillance la note de l'État, car, d'après le gouvernement nouvellement élu, le déficit atteint 12,5 % du PIB, le double du chiffre affiché avant les élections. En Lettonie, l'État ne peut plus placer d'obligations et vit au jour le jour suivant les déboursements d'argent du FMI. Une dévaluation est envisagée, qui ruinerait les débiteurs endettés en devises fortes et les banques qui leur ont prêté. En Ukraine, vendredi, le gouvernement a choisi l'épreuve de force avec le FMI, en augmentant certaines dépenses sociales. En Islande, où les trois grandes banques du pays ont fait faillite, l'économie ne se remet pas de la disparition du secteur financier, qui était le principal secteur d'activité du pays, celui qui apportait devises étrangères et emploi. L'Islande est aujourd'hui suspendue à des prêts internationaux, eux-mêmes conditionnés au règlement d'un litige avec le Royaume-Uni et les Pays-Bas. La situation islandaise est tellement mauvaise que McDonald's, ne pouvant plus importer pain, viande ni sauce tomate, ferme ses restaurants. L'Islande est pratiquement coupée du commerce international. En Irlande, pays où le secteur bancaire était aussi surdimensionné, un ministre évoque un recours au FMI pour faire accepter des économies budgétaires. Un peu partout en Europe, les déficits budgétaires amènent une réaction négative des agences de notation et des marchés, et l'intervention du FMI, d'abord comme prêteur d'urgence, puis comme organisme de tutelle. Les crises qui paraissaient réservées aux pays émergents atteignent l'Europe, et le défaut d'un pays européen devient de plus en plus probable. Voilà une forme inattendue de rattrapage économique. nPar Maurice de Boisséson (Octo Finances)
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