Baisse des gaz très progressive

Le marché du carbone est loin d'être convaincu qu'un accord international et engageant puisse émerger des négociations de Copenhague. En effet, le consensus des économistes estime que le prix de la tonne de carbone émise dans le monde devrait valoir autour de 45 euros (100 euros en 2030) si l'on voulait être en conformité avec les recommandations du Giec à échéance. Or, le cours sur le marché européen des droits d'émission n'atteint pas 15 euros la tonne depuis plus de six mois, signe du scepticisme des investisseurs. Outre le fait que certains pays estiment que des mesures restrictives et de contrôle des émissions imposées au niveau mondial relèveraient de l'ingérence, d'autres jugent que les bonnes volontés européennes pourraient s'avérer inutiles en raison de ce que les spécialistes appellent les « fuites de carbone » : une taxe qui réduit l'émission de gaz à effet de serre (GES) sur un territoire provoque une diminution de son prix mondial et encourage un accroissement des émissions des pays qui n'ont pas institué un tel impôt ! Dans le même ordre d'idée, une taxation suffisamment forte pour lutter contre les émissions dans une région donnée conduirait les entreprises à délocaliser leur production là où elles pourront polluer à bon marché. Enfin, certains pays pourraient faire le choix de continuer à utiliser des combustibles fossiles de manière intensive, ce qui les placerait in fine dans une position de force lors des négociations prévues en 2020, afin de monnayer leur bonne volonté et de devenir vertueux. En conséquence, il est peu probable que le sommet débouche sur des mesures restrictives et de contrôle des émissions nationales des gaz à effet de serre. Selon le consensus des économistes, l'objectif reste pourtant de limiter la hausse de la température à 2 °C à horizon 2050. Pour cela, si le sommet des émissions de GES est atteint en 2011, il faudra alors une baisse annuelle de ? 3,75 % de ceux-ci jusqu'en 2050, de ? 5,3 % si le sommet est atteint en 2015 et enfin de ? 9 % par an si le sommet est atteint en 2020? Pour l'instant, le marché du carbone penche plutôt vers le dernier scénario. nPar Jean-Luc Buchalet (en haut) et Pierre Sabatier, respectivement PDG de Pythagore Investissement et de PrimeView.
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