Du Feydeau joué comme cela, monté comme cela, on en redemande. Une pure merveille, dans la grande tradition de la Comédie-Française qui donne de ce « Fil à la patte » une nouvelle version époustouflante signée Jérôme Deschamps.Il est rare dans cette salle d'applaudir pendant un spectacle. C'est ce qui arrive aujourd'hui, cela grâce à la présence et au jeu époustouflant d'un comédien exceptionnel, un comique comme on en trouve peu, Christian Hecq, recrue récente de la maison.Hecq, c'est celui qui joue Bouzin, un clerc de notaire, rimailleur à ces heures. Un médiocre. Une victime comme on trouve souvent dans les pièces de Feydeau. Ce rôle jusqu'à ce jour avait été immortalisé par Robert Hirsch. Aujourd'hui, si ce dernier garde sa couronne, il doit la partager avec Christian Hecq. Celui-ci fait du comique un exercice de funambule, agile dans son corps, cascadeur, virtuose et remarquable comédien. On peut le comparer à ces grands noms du cinéma muets, les Keaton, les Chaplin. Bouzin, c'est ce qui emporte la pièce de Feydeau. Pourtant ce n'est pas le rôle principal. Mais la force de l'auteur c'est de faire de chaque silhouette un personnage unique. Souvent avec un défaut qui provoque le rire. C'est le cas ici avec un général d'Amérique du Sud à la prononciation difficile, ou de Fontanet dont l'haleine tue au premier soupir toutes les mouches de la pièce.L'histoire du « Fil à la patte » est pourtant simple. Un homme qui doit se marier n'arrive pas à se défaire de sa maîtresse. Faites confiance à Feydeau, il entraîne tout ce beau et demi-monde dans les méandres de la folie du langage comme de l'action. C'est éblouissant. Comme est éblouissante et intelligente la mise en scène de Jérôme Deschamps et toute la troupe de la Comédie-Française. Une troupe à l'image des grands comédiens qui les ont précédés dans cette pièce.Jean-Louis Pinte À la Comédie-Française en alternance jusqu'au 18 juin. Tél. : 0825.10.16.80.

latribune.fr

03 Jan 2011, 23:25

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