Il y a trois ans, la moitié de notre chiffre d'affaires n'existait pas », observe Philippe Matière, le directeur général de la société qui porte son nom. Implantée à Arpajon-sur-Cère (Cantal), cette PME familiale de travaux publics créée en 1932 a pourtant été mise à mal dans les années 1990, suite au plagiat de ses procédés. Une expérience cuisante que n'a toujours pas oubliée Philippe Matière. Il en a gardé une méfiance accrue et une volonté farouche de se démarquer et de conserver une longueur d'avance. Et les résultats sont là. L'entreprise reconnue en France l'est aussi à l'international avec 57,2 % de son chiffre d'affaires (103 millions d'euros) réalisés à l'export. La performance est d'autant plus remarquable que Matière (255 salariés) a vu progresser sa part export de 1.246 % en 2009 ! Cela lui a valu de figurer parmi les lauréats du palmarès des PME leaders à l'international 2010, organisé par le Moci en partenariat avec « La Tribune », en recevant le prix Croissance Export-Société Généralecute; Générale.490 ponts sur cinq ansLa progression est surtout liée à un produit leader, le pont métallique Unibridge conçu et breveté par Matière et déployé via une coentreprise montée avec Eiffel. « Le premier date de 2003. Cette année-là, il y en a eu deux. En 2004, on a en fabriqué quatre. En 2010, il en est sorti un par jour », précise Philippe Matière. Un contrat de 490 ponts sur cinq ans, au tiers de son exécution, a notamment été conclu avec le gouvernement philippin. L'engouement pour Unibridge est lié à ses performances multiples. Ce pont métallique industriel évolutif multipoutre, est définitif ou provisoire. Il accepte jusqu'à 2 millions de cycles de véhicules alors que d'autres ponts de ce genre n'en supportent pas plus de 100.000. Il se monte très rapidement, en moins de vingt-quatre heures pour certaines configurations, par grutage ou par lançage. Il est modulable en largeur avec une ou plusieurs voies et en longueur jusqu'à quatre éléments de 11,4 mètres, soit une longueur totale de 45,6 mètres. Ses caissons de 11,4 mètres sont conçus pour être transportés en conteneurs de 40 pieds. Sa mise en oeuvre ne nécessite pas de béton. Un argument fort, car ces ponts sont installés suite à des catastrophes naturelles, dans des pays où l'eau est difficilement disponible. Ces ponts intéressent aussi les pays émergent qui commencent à s'équiper ou des pays en guerre. Mais l'activité de Matière ne se limite pas aux Unibridge. La PME avait commencé dans les travaux de terrassement et de canalisation. Mais ils pèsent désormais peu dans le chiffre d'affaires. Les ouvrages d'art ont pris le dessus avec deux grandes branches : les ponts en béton armé préfabriqués dont les premiers brevets datent de 1983 et les ponts métalliques, à partir de 1995, qui se déclinent en ponts à poutres, à caissons, passerelles, ou modèles Alphabridge en plus des Unibridge. DiversifierDe nouveaux produits sont toujours à l'étude. Matière affecte 3 % de son chiffre d'affaires à la R&D. « Nous avons des tas de brevets, nous vendons de la valeur ajoutée », souligne Philippe Matière. La croissance externe fait partie des axes de développement envisagés, mais aucune affaire actuellement sur le marché ne séduit Philippe Matière qui veut certes se diversifier, mais sans se disperser.

latribune.fr

03 Jan 2011, 23:24

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