Des deux côtés du Rhin, les entreprises sont inquiètes

Le titre est on ne peut plus clair : « État d'alerte ». Dans la lettre signée de son président Francis Mer et de ses membres du conseil d'orientation, rendue publique lundi, le Club économique franco-allemand (Cefa) souligne les risques de la tentation de repli sur soi dans le contexte de la crise : « Les gouvernements ont beaucoup fait pour atténuer les effets de la crise. Mais alors que la Commission semblait démunie, ils ont agi essentiellement dans un cadre national au point de fragiliser la coopération et de souligner les limites de la coordination. » À chaque pays, son plan de relance, ses aides aux secteurs bancaires et, en conséquence, ses déficits. Le danger serait désormais que chacun mène sa propre politique de sortie de crise et de consolidation budgétaire, au risque de renforcer les divergences de compétitivité. La crainte est palpable de voir l'Allemagne, dont l'économie est tirée par l'exportation de produits à valeur ajoutée, se lasser de l'Europe et de la France, son premier partenaire commercial. La République fédérale regarde vers l'Est pour régler ses problèmes d'énergie et vers l'Asie pour trouver des clients à ses exportations.Car en l'absence de véritables avancées européennes, le monde des entreprises part en ordre dispersé à la conquête des marchés mondiaux. Le Cefa, qui regroupe à parité nationale quelque 300 membres, cadres ayant des fonctions dirigeantes dans le monde des affaires, redoute que les autorités politiques n'aient pas saisi la pressante nécessité de prendre des mesures concrètes pour unifier et clarifier le cadre européen dans la compétition économique mondiale. « Il reste bien des chantiers pour lesquels les intérêts de l'Allemagne, de la France et de l'Union convergent, dont certains prennent un caractère d'urgence sous peine de déclin économique relatif et de perte d'influence, au moment où la réussite des grandes économies émergentes se confirme », avertit le Cefa.délocalisationAujourd'hui, les entreprises européennes sont plus enclines à délocaliser. Sans compter la concurrence intereuropéenne, qui affaiblit les chances des entreprises du Vieux Continent dans l'économie mondiale. « Va-t-on assister à une concurrence entre Siemens et Alstom pour le train à grande vitesse que veut lancer l'Arabie Saoudite ? C'est le plus sûr moyen de voir le marché gagné par les entreprises chinoises », pronostique un industriel.L'une des pistes, évoquée par de nombreux observateurs tant dans le monde politique que dans le monde des affaires, est de travailler à une unification de la fiscalité en Europe. Une initiative franco-allemande en la matière serait assurément un pas en avant pour les entreprises à vocation européenne.Robert Jules et Romaric Godin, à Francfort
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