La dette spéculative américaine face au défi des refinancements

Après la détente intervenue en fin d'année dernière, le marché obligataire spéculatif (« High Yield ») américain risque de se congestionner de nouveau. Les sociétés américaines dont la signature est jugée la plus risquée du marché devront en effet faire face à des tombées de dette très importantes entre 2010 et 2014, de l'ordre de 800 milliards de dollars, estime Moody's. Selon l'agence, elles devront refinancer respectivement 250 milliards de dollars d'obligations et 550 milliards de prêts bancaires. Les remboursements, de seulement 21 et 79 milliards de dollars en 2010 et 2011, devraient culminer à 338 milliards en 2014, posant ainsi la question de la capacité d'absorption du marché.montants non excessifs« Les montants considérables arrivant à échéance sur les cinq prochaines années proviennent d'une intense période de financement de fusions-acquisitions par la dette et du retour sur investissement des actionnaires avant l'été 2007 », explique Kevin Cassidy, responsable crédit chez Moody's et auteur de l'étude. En s'endettant à bas coût dans les trois années précédant la crise des subprimes, les entreprises américaines pouvaient notamment limiter la taille de leur capital et offrir une rémunération plus importante à un moins grand nombre d'actionnaires. La prime de risque sur les obligations américaines High Yield a ainsi tendanciellement baissé depuis début 2003 et était d'environ 230 points de base à l'été 2007, avant de grimper au-delà de 1.300 points au plus fort de la crise. Début février, elle était de 570 points par rapport au swap de référence.Le risque de refinancement reste faible à court terme grâce à la réouverture du marché obligataire l'an dernier, qui a pris partiellement le relais des prêts bancaires, souligne l'agence. Mais le niveau de chômage, les risques d'une rechute de l'économie américaine et une période de faible croissance pourraient détourner les investisseurs de ce compartiment risqué. « Si les montants de dette spéculatives à refinancer n'apparaissent pas excessifs d'un point de vue historique [...], la capacité du marché à continuer à combler le vide laissé par les banques reste incertain », souligne Kevin Cassidy. Un tiers des 250 milliards de dollars d'obligations arrivant à maturité d'ici cinq ans sont déjà jugées particulièrement risquées, avec des notes inférieures ou égales à Caa1. À cette problématique s'ajoute la perspective d'un resserrement du loyer de l'argent par la Fed. Si les observateurs n'attendent pas de mouvement avant la fin de l'année, il interviendra au plus mauvais moment pour le marché américain du « High Yield ».
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