Les géants du LBO débauchent dans les hedge funds pour accélérer leur mutation

Mubashir Mukadam a posé ses cartons au début du mois chez Kohlberg Kravis Roberts (KKR), le célèbre fonds d'investissement américain. Non pas pour faire du LBO (Leverage Buy Out, acquisition d'entreprise par emprunt), le métier historique de KKR, mais pour rejoindre l'équipe de gestion de dette. En recrutant Mubashir Mukadam, un ancien du hedge fund new-yorkais York Capital, KKR confirme le virage stratégique pris par les géants américains du LBO pour diversifier leur activité et ne plus faire reposer leur modèle économique uniquement sur le capital-investissement. Une condition sine qua non pour attirer de nouveaux investisseurs.Des sociétés comme Blackstone, Carlyle ou KKR ont bâti leur réputation sur le private equity mais sont aujourd'hui également présentes sur des classes d'actif voisines, comme l'immobilier, la gestion alternative (hedge fund) et le trading de dette. Apollo Management est, quant à lui, présent depuis longtemps sur ces métiers. Pour développer ces activités, les fonds multiplient les débauchages dans les banques d'investissement ou les hedge funds. Fin février, Blackstone avait ainsi annoncé l'arrivée de Martin Donnelly, l'un des dirigeants d'ING Investment Management Australia, pour développer son pôle de gestion alternative. À l'automne dernier, KKR s'était offert les services d'une équipe de neuf anciens traders de Goldman Sachs pour lancer un hedge fund « long/short » (arbitrage). Henry Kravis et George Roberts, les co-fondateurs de KKR, avaient alors expliqué que ces recrutements constituaient « un élément stratégique de leur plate-forme de gestion d'actifs ». Carlyle, pour sa part, a marqué les esprits en janvier dernier en rachetant le fonds de fonds néerlandais AlpInvest, ajoutant ainsi plus de 30 milliards d'actifs sous gestion à son compteur. Modèle diversifié Pour Antoine Dréan, patron de la société de conseil Triago, « ce phénomène, limité aux États-Unis, n'est pas complètement nouveau mais s'est accéléré avec la sortie de crise ». « Cette stratégie de diversification permet aux fonds de ne pas mettre tous leurs oeufs dans le même panier et, surtout, d'accroître leur masse de capitaux sous gestion. La course à la taille est revenue aux États-Unis. » Et de conclure: « Avec la loi Dodd-Frank [qui limite la gestion alternative dans les banques, Ndlr], les opportunités de recrutement dans ces métiers seront encore plus nombreuses. »Aujourd'hui, Blackstone présente le modèle le plus diversifié. Sur les 128 milliards de dollars d'actifs que le fonds américain gérait fin 2010, à peine 30 milliards étaient investis dans le private equity. Le reste était consacré à l'immobilier et à la gestion de dette et alternative. Alexandre Madde
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