Les défis d'Alassane Ouattara

«Moisi, dé !» : Le président sortant Laurent Gbagbo n'avait toujours pas lâché prise, ce dimanche soir, mais il est, selon l'expression ivoirienne, en mauvaise posture. Les forces qui soutiennent Alassane Ouattara, déclaré vainqueur du scrutin présidentiel du 28 novembre dernier, encerclent la résidence où Laurent Gbagbo se trouverait. Face à la menace de guerre civile, la France a décidé dimanche de renforcer l'opération Licorne, avec l'envoi de 300 hommes suplémentaires, et la question d'un rapatriement des Français sur place se pose, a déclaré le ministre de la Défense Gérard Longuet. De son sôté, Ban Ki-moon, secrétaire général de l'Onu, a appelé dimanche Alassane Ouattara à prendre des mesures contre ceux qui ont participé au massacre de 800 personnes dans l'ouest du pays. Si le camp du président reconnu par la communauté internationale semble avoir réussi à faire pencher en sa faveur le rapport de forces, il va devoir, pour éviter le chaos, surmonter quatre défis.1- réconciliation nationaleAlors que les combats font rage, Ouattara devra d'abord oeuvrer pour une réconciliation nationale. Certes, le prisme religieux - Ouattara est musulman, Gbagbo chrétien -, la lutte ethnique, ou la division nord et sud du pays, ne sont pas de mise pour analyser la crise ivoirienne et les Ivoiriens sont fatigués des conflits qui déchirent le pays depuis plus de 10 ans. En outre, le scrutin a prouvé que quelle que soit leur appartenance ethnique, confessionnelle ou régionale, les Ivoiriens pouvaient soutenir Ouattara. 2 ? relance de l'économie Si la Côte d'Ivoire était l'un des pays les plus riches de l'Afrique de l'Ouest, la partition, de 2002 à 2008, a pénalisé l'activité économique. Les dernières convulsions ont un peu plus appauvri le pays. De 1.137 dollars en 2008 le PIB par tête est passé à 1.073 en 2010. La moitié de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté. Ouattara, qui avait déjà hérité d'un pays ruiné en 1990 lorsqu'il était devenu premier ministre, devrait faire appel à l'assistance internationale pour redynamiser l'économie, qui tourne à 20% de ses capacités depuis quatre mois. 3 ? Diversification des revenusRien n'a été fait jusqu'à présent pour transformer une économie de rente (pétrole et cacao) en un modèle diversifié. Si le cacao est exporté, pas une tablette de chocolat n'est produite sur place et personne ne sait aujourd'hui exactement quels sont les revenus pétroliers du pays... Ouattara devra donc doter le pays d'une vraie politique de développement à long terme, afin de s'affranchir de cette situation. Une politique qui devra de surcroît inclure un volet social, afin de faciliter l'insertion des jeunes, notamment, dans l'économie et de venir en aide aux plus démunis.4 ? Meilleure gouvernance Billets glissés aux fonctionnaires, racket organisé à l'entrée des villages, détournements de fonds à grande échelle : la corruption est endémique dans la société ivoirienne. Le pays est 146ème sur 178, avec la note 2,2 (contre 9,3 sur 10 pour le Danemark) dans le classement de Transparency International. Ouattara devra mettre de l'ordre dans le « système » et améliorer la gouvernance s'il veut dynamiser les investissements.
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