« L'Europe a gagné du temps, c'est essentiel »

Comment expliquez-vous l'accueil réservé des marchés au plan grec ? Ce qui est important, c'est la manière dont les marchés vont réévaluer la dette des pays de l'Europe du Sud. La tension sur les taux d'intérêt avait commencé à diminuer la semaine dernière et cette tendance devrait se poursuivre car l'Europe et le FMI ont fait la preuve qu'il était possible d'isoler un pays des marchés. Le FMI prête à la Grèce 3.200 % de sa quote-part, la BCE accepte les titres grecs quelle que soit leur signature. La pression retombe.Les créanciers de la Grèce peuvent-ils espérer échapper à une restructuration de la dette du pays ?À court terme oui puisque le plan permet à Athènes de ne pas avoir besoin de se financer sur les marchés pendant dix-huit mois. Mais à moyen terme, tout dépend de l'accueil politique et social fait au plan de rigueur. Si les Grecs se résignent à l'accepter, l'aide accordée suffira. Le plan de rigueur devrait aider le pays à rééquilibrer à la fois ses finances publiques et ses comptes courants gravement déficitaires. Jusqu'à présent, l'épargne étrangère est indispensable pour financer les déficits, dus à un excès de croissance de la demande intérieure par rapport à la production du pays depuis des années. Or cet excès de demande était quasi exclusivement le fait des dépenses publiques : masse salariale des fonctionnaires et dépenses sociales. En s'attaquant justement à ces dépenses, les mesures d'austérité vont permettre de réduire l'excès de la demande intérieure par rapport à la production nationale.Le risque de contagion est donc écarté ?L'Europe a gagné du temps, c'est essentiel. Cela doit permettre au Portugal, qui souffre comme la Grèce d'un excès de dépenses publiques, de corriger le tir. Contrairement à la Grèce, les impôts rentrent dans les caisses de l'État et le Portugal finance sa balance courante grâce à l'épargne de ses ressortissants basés à l'étranger, notamment en France, mais cela peut ne pas durer. Lisbonne doit donc aussi assainir ses finances publiques. Quant à l'Espagne, ses fondamentaux sont très différents car l'excès de demande n'y venait pas des dépenses publiques mais du crédit au secteur privé qui est en chute libre. Les ajustements s'y font naturellement même s'ils sont tout aussi douloureux. Mais Madrid a aussi besoin de temps. Espérons que le sauvetage de la Grèce permettra de réduire durablement la pression des marchés. Propos recueillis par Muriel MotteÉric Chaney, chef économiste du groupe Axa
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