Vers un report très progressif de l'âge de départ en retraite

C'est sans doute un nouveau ballon d'essai lâché pour tester les réactions des partenaires sociaux et de l'opinion publique. Après l'évocation la semaine dernière de l'instauration d'une décote avant 60 ans, a été lâchée ce lundi l'idée d'un report de l'âge légal de départ à la retraite en plusieurs étapes : selon un article publié par LeMonde.fr, l'hypothèse de base sur laquelle travaille l'Elysée est celle d'un report de l'âge de départ à 61 ans en 2015, 62 ans en 2020 et 63 ans en 2030. Aussitôt, l'Elysée a démenti : «?C'est absurde (...) Il n'y a pas de piste privilégiée pour l'instant et encore moins de décision de prise. ?»Il n'empêche, si aucune décision n'est prise, le recul de l'âge légal est bien un des axes de travail du gouvernement pour cette réforme. «?C'est en effet une idée qui circule dans les cabinets ministériels?», confie à « La Tribune » une source bien informée. La réflexion porte-t-elle sur 62, 63 ans? «?Quand on évoque le sujet, on parle plutôt d'un report à 62 ans, puisque les simulations dont on dispose jusqu'à présent portent sur cet âge?», explique l'expert, tout ajoutant que les partisans d'une réforme forte poussent plutôt pour 63 ans. «?Dans ces conditions, 63 ans en 2030 et par étapes serait une façon de reculer l'âge pivot en douceur?», analyse l'expert. calcul théorique En repoussant l'échéance de la réforme à 2030, le gouvernement retarde d'autant le rééquilibrage des régimes, alors que les marchés financiers jugent urgent le rétablissement des comptes publics. En outre, le report de l'âge légl ne suffit pas à régler à lui seule le déficit des retraites. Sauf à faire bouger le curseur d'une façon inacceptable pour l'opinion publique : selon le dernier rapport du Cor, publié à la mi-avril, tous paramètres égaux par ailleurs et en jouant sur ce seul curseur, il faudrait reculer l'âge légal de 5 ans pour remettre le système à l'équilibre en 2020, de 7,5 ans pour un équilibre en 2030 et de 10 ans pour un équilibre en 2050. Un calcul théorique, mais qui donne la mesure de l'enjeu.En avril 2008, le COR avait chiffré l'impact financier du recul de l'âge légal de la retraite de 60 à 62 ans. Avec l'hypothèse d'une durée de cotisation requise pour bénéficier d'une retraite à taux plein de 41,5 an, le COR estimait que le report de 60 à 62 ans en 2016 réduirait le déficit de la Cnav de 6,6 milliards d'euros en 2020 et de 5,8 milliards d'euros en 2030 (lire tableau). Et encore était-ce un gain « brut ?», c'est-à-dire en supposant que les salariés obligés de travailler plus longtemps restaient effectivement en poste en entreprise, et ne basculaient pas au chômage... Un report de 60 à 61 ans dans les mêmes conditions de durée de cotisation n'entraînait qu'une économie de 2,7 milliards d'euros en 2020. Soit 4 milliards de moins. «?En gros, résume un expert, soit on décale au moins à 62 ans l'âge légal, soit on ne fait rien.» Reste à savoir à quel horizon cela est possible sans mettre tous les Français dans la rue... Le Conseil d'orientation des retraites devrait alimenter le débat dans les prochains jours, en publiant des simulations sur l'impact financier de l'ajustement de tel ou tel paramètre, dont le report de l'âge légal. Selon le rapport du Cor publié mi-avril, les besoins de financement atteindraient de 40,7 à 48,8 milliards en l'absence de réforme en 2020.
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