Les multinationales tardent à réduire les émissions de CO2

C'est en 2089 que les plus grandes entreprises mondiales parviendront à un niveau d'émissions de CO2 de 80 % inférieur à celui de 1990. Avec près de quarante ans de retard sur l'échéance de 2050, établie pour limiter la hausse des températures à 2 °C, qui fait aujourd'hui consensus parmi la communauté scientifique. Pour atteindre cet objectif en 2050, il faudrait qu'elles réduisent leurs émissions de ? 3,9 % par an alors qu'elles sont aujourd'hui sur une tendance annuelle de ? 1,9 %. C'est ce que révèle l'étude « Carbon chasm » publiée par le Carbon Disclosure Project (CDP), qui recueille depuis 2000 les informations concernant les émissions de CO2 des entreprises du monde entier et analyse leur communication sur le sujet. Le CDP regroupe aujourd'hui 475 investisseurs institutionnels représentant plus de 55.000 milliards de dollars d'actifs et synthétise les actions de plus de 2.000 entreprises participantes.objectifs à court termeAu-delà de l'ampleur nettement insuffisante des réductions, l'étude souligne le fort attentisme des entreprises. La plupart d'entre elles se sont fixé des objectifs à court terme, et seulement 12 % d'entre elles vont au-delà de 2012, date d'expiration du protocole de Kyoto. Parmi ces quelques bons élèves, on note la présence de l'énergéticien italien Enel, France Télécome;lécom, le distributeur britannique Tesco, l'opérateur de téléphonie britannique Vodafone et l'allemand E.ON.Par ailleurs, si 73 % des entreprises ont instauré des objectifs de réduction, ceux-ci se distinguent par leur grande disparité dans leur nature, le périmètre choisi ou les méthodes employées pour mesurer les émissions. Certains raisonnent en valeur absolue, d'autres en valeur relative. Et dans ce cas, les quantités émises sont ramenées au chiffre d'affaires, au nombre d'employés, aux mètres carrés occupés par l'entreprise? (voir graphique) Une disparité qui n'a rien d'étonnant, la fixation d'objectifs relevant du seul volontariat. D'ailleurs, les entreprises elles-mêmes se déclarent très réticentes à toute harmonisation. Ce n'est donc pas demain que les analystes pourront comparer leurs performances.À moins que les investisseurs ne finissent par avoir le dernier mot. On n'en est certes pas là, mais la synthèse publiée il y a quelques jours par le Ceres (Coalition for Environmentally Responsible Economies, qui gère pour 7.000 milliards de dollars d'actifs) montre clairement une évolution dans les relations entre investisseurs et entreprises. En 2009, pas moins de 68 résolutions portant sur les stratégies climatiques des entreprises ont été déposées lors des assemblées générales, dont 31 ont été retirées avant d'être votées, après que ces entreprises ont accepté de s'engager sur les divers points de litige. Ces derniers portent essentiellement sur la fixation d'objectifs de réduction des émissions et la participation au CDP ! Le score majoritaire obtenu en mai en faveur de la résolution concernant la société de services à l'environnement Idacorp, implantée dans l'Idaho, constitue pour les environnementalistes un point d'inflexion en matière d'activisme actionnarial. Chevron, Hertz, Avis ou le leader américain de la maison individuelle Pulte Homes, parmi d'autres, se sont également laissé convaincre. nEn 2009, pas moins de 68 résolutions portant sur les stratégies climatiques des entreprises ont été déposées lors des AG.
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