Allemagne : du mieux sur les fiches de paie ?

« Aurons-nous enfin des salaires plus élevés ? » Le cri du coeur de la « Bild Zeitung » ce vendredi ne traduisait pas la conversion du journal populaire connu pour ses positions conservatrices à un quelconque mouvement gauchiste, mais résumait bien le sentiment qui domine désormais parmi les salariés allemands. Le rebond rapide de l'économie allemande au deuxième trimestre a en effet fait renaître les appétits et beaucoup de salariés désirent aujourd'hui avoir leur part du gâteau. Jeudi, le syndicat IG Metall a accepté une augmentation des salaires dans la métallurgie de 3,6 % sur 14 mois. Le chiffre est loin d'être très élevé, mais il donne à nouveau le signal que les augmentations de salaires sont possibles. Car, pendant la crise, les salariés allemands n'ont pas ménagé les sacrifices pour sauver les entreprises et leur compétitivité. Soutien de MerkelEn 2009, IG Metall avait renoncé, pour sauver l'emploi, à réclamer des hausses de salaires. Parallèlement, certaines entreprises réclamaient de leurs salariés l'abandon de primes et prenaient des mesures pour réduire les heures supplémentaires et instaurer le chômage technique. Résultat : la rémunération moyenne est restée stable en 2009, mais a reculé de 3,5 % dans l'industrie. Comme la modération salariale a été, par ailleurs, de mise de 2000 à 2007 outre-Rhin, on comprend qu'une reprise économique aussi soudaine que vigoureuse fasse renaître les revendications salariales. Car les dernières statistiques le prouvent, les Allemands ont à nouveau envie de consommer. Du coup, même Angela Merkel a soutenu l'idée de salaires plus élevés afin de donner à la croissance allemande un nouveau soutien. Mais le patronat et les économistes tentent de calmer ces ardeurs. Dans l'industrie, la modération salariale est une des clés de la compétitivité allemande. Mais l'équilibre est fragile, car le coût salarial allemand reste élevé, il est le troisième d'Europe dans l'industrie. Aussi, le président de la fédération patronale de la métallurgie, Martin Kannegiesser, a-t-il estimé que, malgré la reprise, les entreprises « n'avaient aucune marge de manoeuvre pour des hausses supplémentaires dans l'immédiat ». Les espoirs salariaux pourraient donc être déçus. ROmaric Godin, à Francfort
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