Une réputation à reconstruire

Combien de schémas de type Ponzi, combien de réseaux de délits d'initié le gendarme de la Bourse américaine devra-t-il démasquer pour redorer son blason ? Le scandale Madoff, cette fraude historique qui a fait perdre au moins 21,2 milliards de dollars à quelques milliers d'investisseurs, selon l'estimation provisoire du liquidateur, a entaché pour longtemps la réputation de l'agence. Découverte tardivement en 2008, cette arnaque pyramidale consistant à rémunérer les investisseurs de la première heure avec les apports de nouveaux venus, a mis à jour l'inexpérience et le manque de préparation du personnel de la SEC. Le constat est plus dévastateur encore lorsque c'est le coupable lui-même qui enfonce le clou. Publiée vendredi avec quelque 530 autres témoignages et documents amassés durant la contre-enquête menée par l'inspecteur général de la SEC, David Kotz, l'audition réalisée en prison le 17 juin dernier de Bernard Madoff appuie son « étonnement » de ne pas avoir été découvert plus tôt. Entre 1992 et 2008, sa société a été l'objet de trois examens et de deux enquêtes. Mais il dépeint des enquêteurs davantage passionnés par ses mails que par ses livres de comptes. Une simple vérification de ces derniers auprès de la Depositary Trust Company (DTC), l'organisme de règlement livraison, aurait permis de révéler l'affaire. « Cela aurait été facile pour eux. » Mais « ils n'ont rien fait de cela », a confié Bernard Madoff à David Kotz. Au détour d'une des enquêtes, on lui a bien demandé son numéro de compte chez DTC. « Je pensais que c'était la fin du jeu. Que le lundi matin, ils allaient appeler DTC et que tout serait fini? Mais ce n'est jamais arrivé. »Pire, Bernard Madoff laisse clairement entendre que les différentes revues de la SEC, sans encombre, ont servi sa crédibilité auprès de ses clients. Nul doute que les victimes ont commencé à éplucher ces nouveaux documents, de même que leurs avocats. Christèle Frad
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