L'apprentissage a du mal à séduire les chefs d'entreprise

En 2011, près de 7 chefs d'entreprise sur dix (66 %) ont l'intention de réduire le recours à l'apprentissage. C'est l'un des enseignements du sondage réalisé par l'Institut Ipsos pour Apprentis d'Auteuil (*), que dévoile « La Tribune », à l'heure où le gouvernement s'apprête à annoncer un train de mesures en faveur de cette formation en alternance. Parmi eux, 38 % affirment même qu'ils signeront « beaucoup » moins de contrats d'apprentissage l'année prochaine. Ces chiffres vont à rebours des annonces du chef de l'Etat, qui affirmait il y a quelques semaines qu'il souhaitait la formation de 200.00 apprentis supplémentaires pour que leur nombre passe de 600.000 à 800.000. Les résultats de l'enquête mettent également en lumière un problème d'adaptation de l'offre de l'apprentissage aux attentes et aux besoins des chefs d'entreprise. Au premier rang des freins, les chefs d'entreprise citent d'abord l'insuffisante adaptation des apprentis au monde de l'entreprise (19 %) devant la méconnaissance qu'ils ont de ce dispositif, la charge salariale et la complexité administrative des formalités. Les entrepreneurs affichent également un déficit d'information qui semble s'aggraver avec le temps : 51 % d'entre eux confondent le contrat d'apprentissage et le contrat de professionnalisation. Dommage, car la très grande majorité des patrons de PME estime que l'apprentissage est un outil efficace pour favoriser l'insertion sociale des jeunes (95 %).« Simplification »Ces résultats ne surprennent guère Nadine Morano, ministre de l'Apprentissage et de la Formation professionnelle. « En Allemagne, 60 % des entreprises ont recours à l'apprentissage, alors qu'en France nous n'en sommes qu'à 33 % », il faut « mener une véritable révolution culturelle dans notre pays », indique la ministre, qui s'est rendue outre-Rhin avant les fêtes de fin d'année pour étudier le modèle d'apprentissage. Dénonçant la « complexité » du système français, elle précise que « le premier chantier, c'est la simplification ». Elle propose notamment d'abaisser la durée d'expérience requise pour devenir maître d'apprentissage, de cinq ans aujourd'hui à « trois ans », et d'introduire « plus de souplesse en y associant les branches professionnelles ». Elle souhaite également améliorer le système d'orientation et lancer une campagne de communication à destination des jeunes et de leur famille. Soucieuse de mettre en place « un dispositif plus juste », elle réitère son souhait de « moduler la surtaxe d'apprentissage au regard des efforts fournis par les entreprises. Aujourd'hui, elles paient la même surtaxe selon qu'elles comptent dans leurs effectifs 2,9 % ou 1 % d'apprentis, alors que le seuil est fixé à 3 % ». Enfin, elle se félicite du « succès rencontré par les développeurs de l'apprentissage qui ont déjà permis la signature de 18.500 contrats d'apprentissage dans trois réseaux, dont le BTP ». (*) Sondage réalisé par téléphone entre le 30 novembre et le 13 décembre 2010, auprès de 301 dirigeants de PME de 10 à 499 salariés.
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