Les sociétés de gestion des assureurs en quête de relais de croissance

Avec l'arrivée des nouvelles normes de Solvabilité II prévues en 2012 pour les assureurs, ces derniers n'ont de cesse de réduire graduellement leur exposition au risque actions. Alors que celle-ci pouvait s'élever à près de 10 % il y a encore deux ans, elle est proche du seuil des 5 % chez certains grands assureurs, comme Groupama. Or, la plupart des compagnies disposent d'une société de gestion maison qui leur fournit les produits dans lesquelles elles investissent. Si, comme les banques, certains assureurs pourraient se séparer de leurs sociétés de gestion, la plupart d'entre elles devront trouver d'autres relais de croissance. Cela leur permettra de commercialiser leurs produits actions, de moins en moins utilisés par leur maison mère, et de maintenir leur niveau de revenu. Et même si la plupart d'entre elles font déjà de la gestion pour compte de tiers, leurs encours hors maison mère restent rarement très élevés.Ainsi, ouvrir sa gestion à des investisseurs externes devient inévitable dans ce nouvel environnement réglementaire. Mais cela est loin d'être un exercice facile, notamment dans le contexte actuel. Malgré tout, les sociétés captives cherchent à diversifier leur offre, afin de servir leur maison mère, mais aussi de fournir des produits adaptés à l'externe. Ainsi, chez Aviva Investors, société de gestion d'Aviva, « nous gérons en externe environ 4 à 5 milliards d'euros sur 78 milliards. Nos produits actions sont notre fer de lance vers la gestion pour compte de tiers, mais nous diversifions l'offre de produits de taux, comme le crédit. Ces produits pourraient être très demandés en interne comme en externe », souligne Jean-François Boulier, président du directoire d'Aviva Investors France.Il est donc nécessaire d'avoir une couverture mondiale pour pouvoir étendre au maximum la logique de vente de produits, voire adapter sa gamme à la nouvelle donne réglementaire. C'est le cas chez Allianz Global Investors où « nous continuons à vendre des produits de taux à la maison mère, mais nous avons dû adapter notre offre en fonction des nouvelles règles. Nous portons donc notre attention sur les actions internationales, avec une allocation géographique qui prend tout son sens dans ce contexte », explique Michel Haski, directeur général d'Alliant Global Investors France.Mais c'est surtout la diversification des clients qui sera de mise pour ces sociétés de gestion. Ainsi, c'est la recherche d'investisseurs à long terme qui guide le développement de la clientèle de ces sociétés de gestion. Désormais, « nous capitalisons sur les horizons d'investissement long qui gardent une part action importante. Dans tous les autres pays, nous réorientons notre offre vers les particuliers ou les intermédiaires financiers afin de continuer à distribuer nos produits actions », indique encore Michel Haski. Ce sont donc principalement les fonds de pension qui sont les cibles privilégiées des sociétés captives, ces investisseurs restant fortement exposés au risque actions, à hauteur, pour certains, de 30 % de leurs encours et ce, sur un horizon de placement très long. Une aubaine pour les sociétés de gestion captives, mais encore faut-il pouvoir les atteindre car la concurrence est rude, l'obtention de mandat se faisant via appels d'offres.VirageUne chose est sûre, les particuliers restent la meilleure cible pour « écouler » l'offre de fonds actions, notamment en France. En effet, que ce soit via un Perco (plan d'épargne pour la retraite collectif) ou plus fréquemment par des offres de contrats en unités de compte, les sociétés de gestion captives devraient pouvoir trouver un relais de croissance dans ces deux domaines. Et comme le remarque Jean-François Boulier : « Nous favoriserons la créativité et l'innovation au sein des fonds plutôt que dans le bilan de la compagnie, ce qui présente l'avantage de moins peser sur ses fonds propres. »Un virage que les assureurs ont déjà pris, mais qui reste difficile à mettre en oeuvre dans un contexte de marché volatil. Quoi qu'il en soit, même si « nous sommes plus crédibles et qualifiés pour gérer les actifs des clients externes grâce à ce que nous faisons pour la compagnie, déclare Jean-François Boulier, il faudra désormais compter sans la maison mère pour valider les bonnes performances des produits actions. »
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