L'emploi pilote les taux d'État américains

Dans le sillage de la publication des chiffres de l'emploi américain, les taux des obligations américaines se sont révélés vendredi très indécis, soulignant un peu plus les incertitudes sur leur évolution à moyen terme. Peu après l'annonce d'une décrue du taux de chômage à 9,4 %, malgré le retour des destructions d'emplois en mai, le taux des titres à 10 ans a oscillé en quelques instants à la hausse puis ont brutalement reperdu ce gain avant de se stabiliser aux alentours de 2,96 %, soit 2 points de base au-dessus de son niveau d'ouverture. Hésitant entre optimisme et pessimisme sur de l'emploi, déterminant majeur de l'évolution de la politique monétaire américaine, les opérateurs ont finalement joué la prudence. Il faut dire que le parcours de la dette américaine depuis janvier a brisé les certitudes.La pire des configurationsAprès un début d'année relativement stable, les taux à 2 ans et 10 ans américains se sont orientés à la hausse jusqu'à début avril. Alimentant l'idée d'un relèvement des taux directeurs de la Fed en fin d'année, les perspectives de croissance et l'amélioration de la situation sur le marché du travail incitaient les opérateurs à jouer les compartiments plus risqués tels que les actions et les obligations spéculatives, tandis que les analystes anticipaient généralement des taux à 10 ans supérieurs à 4 % en fin d'année. Mais les remous grecs et les craintes sur la solidité de la reprise ont changé la donne. Le 29 juin dernier, le taux à 10 ans est tombé sous les 3 % pour la première fois depuis avril 2009, tandis que le taux à 2 ans inscrivait le 30 juin un plus bas historique de 0,585 %. L'écart entre les deux échéances, dont l'importance mesure les craintes inflationnistes liées à une reprise économique, a depuis chuté à 2,27 % après un record de 2,94 en février. « L'aplatissement de la courbe des taux s'est produit dans la pire des configurations », écrit un gérant du géant obligataire Pimco, qui souligne le « déclin des taux aux deux extrémités de la courbe ». « Les investisseurs sont devenus moins optimistes concernant les perspectives économiques aux Etats-Unis et en dans le monde », ajoute-t-il.Conséquence, le très sûr compartiment des obligations d'Etat américaines a connu son meilleur semestre depuis 15 ans en affichant un retour sur investissement de 5,9 % selon les indices Merrill Lynch. Une performance qui pourrait se poursuivre selon la Deutsche Bank. Ses experts estiment que le rendement des obligations d'Etat américaines à 10 ans devrait prochainement chuter à 2,75 % dans le sillage de nouvelles mesures d'assouplissement quantitatif de la Fed, qui a bouclé fin mars son programme d'achat de 300 milliards de dollars de dette d'Etat américaine. Mais ce pronostic divise, notamment en raison des quelques 2.000 milliards de dollars d'émissions américaines prévues cette année. La banque Citigroup a ainsi annoncé le 1er juillet dernier qu'elle amorçait des positions baissières sur les obligations américaines à 5 ans et 10 ans, dont les rendements lui semblent sous-évalués. Les experts de Stelphia tablent eux sur un taux à 10 ans de 3,75 % en fin d'année. Tout mouvement à la hausse pourrait néanmoins être court-circuité par une nouvelle alerte sur les finances publiques des Etats développés.
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