Après la disparition du CIF, quels financements pour les ménages défavorisés ?

La disparition programmée du Crédit Immobilier de France n’est pas seulement une catastrophe pour tous les salariés de cet établissement, c’est aussi un sérieux coup dur pour tous les ménages à faibles revenus qui pouvaient compter sur ce type de structure pour mettre en œuvre un projet d’accession à la propriété sans être bancarisés ou en ayant un « scoring » peu adapté aux critères des banques classiques. Le CIF était effectivement un distributeur de prêts à caractère social (PAS) et un partenaire privilégié pour tous les ménages pénalisés par le récent durcissement de l’accès au crédit. Les investisseurs perdent eux aussi un partenaire car les normes d’octroi pour ces derniers permettaient aux emprunteurs/investisseurs d’accéder au crédit sans changer de banque.Le marché des primo accédants affectéDans ce sens, le marché de la primo accession risque fort d’être affecté. Sachant qu’il ne reste plus qu’un autre acteur spécialisé dans ce type de financement : le Crédit Foncier de France aujourd’hui logé au sein de BPCE après avoir été repris par les Caisses d’Epargne en 1999. Il y a également GE Money Bank, émanation du groupe américain General Electric, mais elle beaucoup moins connue du grand public et donc moins sollicitée. Les autres banques et plus particulièrement les mutualistes qui se font fort d’être à l’écoute des besoins de leurs clients vont-elle faire des efforts pour permettre à des dossiers « difficiles » d’obtenir des prêts ? Tout dépendra de leur orientation stratégique et de leur propension à se montrer malléables vis-à-vis de l’apport. Et du niveau d’endettement consenti. Souplesse que l’on imagine mal par les temps qui courent, les établissements bancaires ayant presque tous serré les boulons au niveau des crédits immobiliers compte tenu de conditions de refinancement plus difficiles et d’impératifs de ratios de fonds propres draconiens.Certaines Caisses d\'Epargne et la Banque Postale devraient jouer le jeuC’est bien ce que pense Jérôme Robin, fondateur du site Vousfinancer.com pour qui tous les mutualistes ne sont pas à mettre dans le même panier, certains privilégiant avant tout leur compte de résultat. Selon lui, seules certaines Caisses d’Epargne et la Banque Postale sont susceptibles de jouer le jeu. Mais ces bonnes dispositions ont un coût : dans le cas de dossiers pas très sécurisants pour l’établissement financier, les coûts d’emprunt sont plus importants et les taux de crédits donc plus élevés. « Les critères d’appréciation des risques ne sont pas les mêmes selon les établissements. Raison pour laquelle les taux seront très différents selon les groupes », assure le responsable. L’Etat, on s’en souvient, avait demandé à la Banque Postale de reprendre le Crédit Immobilier de France en difficultés. Celle-ci a pourtant décliné l’invitation estimant qu’elles n’avaient pas suffisamment d’assurances pour reprendre le dossier. Il faut dire que la Banque Postale est déjà très occupée avec la reprise du financement des collectivités locales, activité reprise auprès de Dexia.Un comble pour un gouvernement de gaucheL’accession à la propriété des plus démunis risque donc bel et bien de devenir le parcours du combattant avec l’émergence d’une France à deux vitesses : d’un côté, ceux qui peuvent emprunter sans problème à des taux très intéressants, et de l’autre, ceux qui n’auront que très peu de chance d’obtenir un crédit à des taux prohibitifs. Une dérive que ne s’attendait sans doute pas à voir poindre le nouveau président François Hollande. Lui qui a fait du logement l’un de ses chevaux de bataille durant sa campagne électorale, et qui a donné pour lettre de mission à Cécile Duflot de tout faire pour améliorer une situation pour le moins préoccupante. Les professionnels de l’immobilier ne manquent pas à ce sujet de se montrer circonspects : « pourquoi fermer un établissement rentable ? Comment peut-on accepter, lorsque l’on est un gouvernement de gauche, de mettre sur le carreau 2.500 personnes ? », lance l’un d’eux. Avec cette autre épée de Damoclès : après le Crédit Immobilier de France, le Crédit Foncier ne va-t-il pas lui aussi connaître des difficultés ? Ce dossier est certes très différent puisque le Foncier a un actionnaire de référence puissant en la personne de BPCE, lui-même bien noté par les agences de notation.
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