Fronde européenne contre Google Livre

La fronde s'organise parmi les éditeurs européens contre l'empire de Google dans le livre numérique. Après la prise de position du gouvernement et des éditeurs allemands, les associations d'éditeurs français et italiens sont montées au créneau hier contre le projet de numérisation de livres du géant américain. Ils ont notifié auprès de la justice américaine leur opposition au projet d'accord conclu entre le moteur de recherche et les éditeurs américains. Selon nos informations, le numéro deux mondial de l'édition, le français Hachette Livre, a également déposé ses objections à New York « concernant le marché européen uniquement », précise-t-on chez Hachette Livre.Depuis cinq ans, le géant américain s'est lancé dans un vaste programme de numérisation des fonds des grandes bibliothèques mondiales. Au fil des partenariats, Google s'est constitué un portefeuille de 10 millions de livres numériques, accessibles gratuitement depuis sa plate-forme en ligne « Google recherche de livres ». Mais en numérisant indifféremment les livres protégés par les droits d'auteur et ceux dans le domaine public, Google s'est attiré les foudres des éditeurs du monde entier. À l'issue d'une coûteuse bataille judiciaire menée outre-Atlantique, les éditeurs américains ont finalement conclu un projet d'accord commercial avec Google. Ce dernier prévoit un partage du fruit des ventes futures de livres numérisés. Le compromis doit encore recevoir l'aval de la justice américaine en octobre, et reste sous le coup d'une enquête antitrust aux États-Unis.Mais la tension est montée d'un cran entre le moteur de recherche et les éditeurs du Vieux Continent. Car bien qu'ils n'aient pas négocié directement le projet d'accord, leurs catalogues sont également tombés dans l'escarcelle du géant d'Internet. « Cet accord viole plusieurs points de la convention de Berne sur les droits d'auteur, qui affirme la nécessité d'un accord préalable pour toute utilisation des ?uvres », a asséné hier l'Association italienne des éditeurs. De son côté, le Syndicat national de l'édition (SNE), en France, réaffirme « sa ferme opposition » au projet d'accord, le jugeant « discriminant à l'encontre des éditeurs et des auteurs non-américains ». Il affirme que « le gouvernement français a également prévu, tout comme son homologue allemand, de manifester auprès du juge américain son opposition à ce projet d'accord ».bruxelles impassibleMais les prises de positions franco-allemandes n'ont pour le moment pas trouvé d'écho auprès de Bruxelles. Pour encourager le développement des bibliothèques numériques, la commissaire européenne chargée de la Société de l'information et des médias, Viviane Reding, s'est même récemment déclarée favorable à la mise en place de partenariats public-privé, notamment de coopération avec Google. La Bibliothèque nationale de France avait confié le 18 août dernier à « La Tribune » avoir entamé des négociations avec Google pour numériser une partie de ses fonds. En arrière-plan, se pose la question de l'avenir du projet européen de bibliothèque numérique, Europeana, dont les deux plus importants contributeurs sont la France et l'Allemagne, et qui se voulait une alternative à Google. Pour le moment, elle ne semble guère soutenue par la majorité des autres pays membres. Une consultation publique sur l'avenir d'Europeana, lancée par Bruxelles en août doit être close mi-novembre.Viviane Reding a par ailleurs écarté toute possibilité de contestation du projet d'accord américain de la part de Bruxelles. La Commission n'en rencontre pas moins lundi lors d'une audition le moteur de recherche et les éditeurs européens, afin de déterminer les enjeux européens du projet d'accord.
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