Les négociations sur la réassurance s'annoncent serrées

Monte-Carlo est envahi ce week-end par des centaines d'assureurs, de courtiers, de réassureurs de toutes nationalités. S'ils résident dans des hôtels de luxe, prennent des cafés à la terrasse du Café de Paris et vont parfois faire un tour au casino dans la soirée, ils ne sont pas là en vacances. Au contraire, « nous travaillons beaucoup à Monte-Carlo », insiste un courtier. Comme chaque année à la même époque, les professionnels de l'assurance du monde entier viennent à ces Rendez-vous de septembre pour entamer les discussions sur les prix et conditions des programmes de réassurance pour 2010.activité à contre-cycle« La réassurance est une activité à contre-cycle économique », souligne un spécialiste. Autrement dit, plus le contexte économique est tendu, plus les assureurs ont besoin de souscrire de la réassurance. Jusqu'en 2007, les compagnies d'assurance primaires, assises sur des fonds propres importants, augmentaient régulièrement la conservation de leurs risques au détriment de la cession à des réassureurs. La tendance s'est depuis nettement infléchie. « Une augmentation de la rétention des risques par les assureurs est peu probable », estime Michel Hideux, directeur général du courtier de réassurance Aon Benfield France. Par ailleurs, les solutions financières susceptibles de remplacer la réassurance, comme la titrisation, ont quasiment disparu. « Le marché de la titrisation a un peu redémarré mais ce n'est pas, pour les affaires européennes directes, une alternative à la réassurance économiquement très satisfaisante, dans la mesure où ces opérations restent à des prix élevés », remarque Michel Hideux. Après avoir atteint 12 milliards de dollars en 2007, les opérations de titrisation s'élevaient à 1,7 milliard au premier semestre 2009. Bref, la demande de réassurance a toutes les chances de rester stable.De leur côté, les réassureurs abordent ces négociations annuelles dans une situation plutôt confortable. « En 2008, le secteur a fait preuve d'une résistance impressionnante face à une accumulation d'événements sans précédent », observe Lotfi Elbarhdadi, directeur au secteur assurance de l'agence de notation Standard and Poor's. Grâce à leurs excédents de fonds propres, les réassureurs ont absorbé la chute des marchés ? qui a coûté 30 milliards d'euros aux dix premiers réassureurs mondiaux, selon Standard and Poor's ? et deux ouragans majeurs : Ike et Gustav aux États-Unis. À l'exception de Swiss Re et du bermudien XL, qui ont subi une légère dégradation de leur notation financière en raison de leurs pertes liées aux produits dérivés de crédit, les réassureurs ont conservé leur note de catégorie A. Le français Scor a même bénéficié d'une amélioration par Standard and Poor's de A? à A.Pour regonfler leurs fonds propres, qui ont baissé en moyenne de 18,5 % à fin 2008 selon l'agence Fitch, « l'augmentation de tarifs paraît nécessaire », estime Lotfi Elbarhdadi. Mais les assureurs, confrontés à la difficulté d'augmenter leurs prix sur le marché primaire, risquent fort de plaider pour la stabilité. En somme, « les négociations seront très classiques », résume Daniel Fortuit, directeur de la réassurance d'AGF.
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