France-Roumanie  : la peur du vide

Le précipice est à nos pieds. L'abîme d'un désastre qu'on n'aurait jamais cru possible pour cette génération douée. Le rendez-vous dionysien de ce soir, comme celui en Serbie mercredi, est un de ces carrefours de l'histoire du football français qui peut conduire au début d'une aventure ou faire exploser l'équipe de France, comme France?Bulgarie en 1993. La peur au ventre ? Les Bleus affirment qu'ils ne l'ont pas : « L'équipe de France joue gros mais on oublie les inquiétudes sinon on n'avance pas », analyse le défenseur Julien Escudé. Les inquiétudes sont pour Jean-Pierre Escalettes. Le président de la Fédération française de football est très sceptique quant à une qualification des joueurs de Raymond Domenech pour le rendez-vous sud-africain. Une situation dont il est en partie responsable : il a été un ardent défenseur du sélectionneur après le fiasco de l'Euro. Les doutes d'Escalettes n'ont pas plu à plusieurs joueurs et elles n'ont fait qu'aggraver le climat de tensions et de doutes qui pèse sur les Bleus. Le public du Stade de France est aussi attendu au tournant. Versatile, siffleur, saura-t-il transcender les difficultés pour soutenir son équipe dans sa quête d'Afrique ? « Si les supporteurs veulent faire leur boulot, ils le font, s'ils ne veulent pas le faire, ce n'est pas grave », estime le défenseur Patrice Évra. Avec ou sans les 80.000 spectateurs, il faudra vaincre.match piègeCes Roumains n'ont pas le pedigree des grands prédateurs mais ils sont capables d'embêter ces Bleus, même sans leur catalyseur, Adrian Mutu. L'an passé à l'Euro, les Français s'étaient empêtrés dans les mailles du filet roumain dans un match d'une incroyable lenteur terminé par un piteux 0-0. Ils avaient arraché un 2-2 aux forceps en territoire roumain lors du match aller des qualifications du Mondial à Constanta en octobre dernier.« C'est compliqué contre les Roumains car c'est toujours très physique, et ils sont un peu ?tricheurs?, commente le joueur Nicolas Anelka. Il faudra y aller à fond dès le début. Si on arrive à marquer dans le premier quart d'heure, je pense qu'on déroulera tranquillement derrière. » Mais voilà, dans sa lettre au Père Noël, Raymond Domenech a oublié de demander une attaque pour son onze. À l'avant, malgré des joueurs de classe internationale comme Thierry Henry, Nicolas Anelka ou Karim Benzema, les Bleus tournent à peine à plus d'un but par match : « Si on continue de marquer peu de buts et de gagner les matchs, ça me va », a rigolé Domenech hier. Franck Ribéry, le seul capable de faire jaillir l'étincelle, débutera sur le banc. André-Pierre Gignac n'est encore qu'un brillant bizuth. Ce onze bleu malade a besoin d'un gros pansement dès ce soir pour croire en sa guérison.Nul besoin de préciser que Raymond Domenech joue le prolongement de son bail lors des deux rencontres à venir même s'il est assuré par Jean-Pierre Escalettes de finir la campagne de qualification pour le Mondial. Lui aussi est à un carrefour de son histoire avec les Bleus. En cas d'échec, il sera cloué au pilori et plutôt deux fois qu'une. En cas de qualification, ce sera à peine le début d'une rédemption. n L'abîme d'un désastre qu'on n'aurait jamais cru possible pour cette génération douée.
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