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Éric Albert, à Londres Deux ans après sa nationalisation, Northern Rock est enfin sur la voie de la guérison. La banque qui a symbolisé le début de la crise dès l'automne 2007 est officiellement scindée en deux depuis le 1er janvier : d'un côté, une « bonne banque » à vendre ; de l'autre, une « mauvaise banque » qui devrait rester aux mains de l'État près d'une décennie. La solution désole une partie des Britanniques, qui y voient encore une fois une nationalisation des pertes et une privatisation des profits. « Scinder Northern Rock entre bonne et mauvaise banques laisse les restes aux contribuables tandis que le secteur privé obtient les beaux morceaux », s'agace Vince Cable, un député libéral-démocrate.Le gouvernement n'a guère eu le choix. D'une part, il a dû négocier un accord avec Bruxelles, pour limiter l'impact de la nationalisation de la banque sur la concurrence. D'autre part, l'objectif de vendre Northern Rock n'est pas envisageable tant que les prêts toxiques y demeurent.La petite banque, présente essentiellement dans le nord de l'Angleterre, a isolé d'un côté les agences, les comptes épargnes (21 milliards d'euros de dépôts) et les prêts immobiliers les plus sains (11 milliards d'euros). Cette « bonne » partie va continuer à ouvrir de nouveaux comptes épargnes et à émettre des prêts. Face à cela, Northern Rock (Asset Management) conserve le portefeuille de 55 milliards d'euros de prêts immobiliers catastrophiques réalisés par l'établissement pendant les années fastes. Actuellement, environ 10 % d'entre eux ont des arriérés de plus de trois mois.Remboursement différéLa scission étant désormais effectuée, l'heure est au bilan. La première conclusion est que le gouvernement est encore loin d'être tiré d'affaires. La « mauvaise banque » lui doit actuellement 27 milliards de livres (30 milliards d'euros), la somme qui lui avait été prêtée lors de la nationalisation. Northern Rock a pu, dans un premier temps, rembourser une partie de ce prêt, mais elle a ensuite eu besoin de 8 milliards de livres supplémentaires pour opérer la scission.Dans combien de temps l'État britannique peut-il espérer récupérer sa mise ? Une dizaine d'années ? « Oui, plus ou moins », répondait en octobre Gary Hoffman, directeur général de la banque.La deuxième leçon est que les actionnaires n'auront pas réussi à récupérer un centime après la faillite. Le mois dernier, une évaluation indépendante de la valeur de la banque a conclu qu'il ne resterait pas d'argent pour les actionnaires après le remboursement du prêt de l'État.Il reste enfin la question de la vente de la « bonne banque ». Si Gordon Brown avait rêvé de réaliser une transaction avant les élections prévues au printemps, cela semble désormais improbable. Les supermarchés Tesco, qui veulent être plus présents dans le secteur bancaire, ont désormais exclu de faire une offre. Virgin tourne également autour de Northern Rock, de même que National Australia Bank. Mais, preuve que Northern Rock reste très fragile, aucune offre n'a pour l'instant été déposée.
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