Les "zinzins" boycottent de plus en plus les entreprises qui manquent d'éthique

Le point commun à Wal-Mart, Total, Alstom, Tepco et Yahoo ? D\'après une étude présentée mercredi par Novethic - un centre de recherche sur l\'investissement socialement responsable, filiale de la Caisse des dépôts -, ces groupes figurent sur les listes noires d\'une vingtaine de grands investisseurs internationaux. Parmi ces derniers, qui gèrent 1.500 milliards d\'euros d\'actifs, au total, figure notamment le fonds souverain norvégien, le plus riche du monde. Plus précisément, ces « zinzins » - du moins une partie d\'entre eux - ont exclu de leurs portefeuilles de titres les Wal-Mart, Total, Alstom, Tepco et autre Yahoo, au motif que ces sociétés se sont rendues coupables de violation des droits humains. C\'est-à-dire d\'absence de respect des droits des peuples autochtones, d\'activités exercées dans des pays où les autorités publiques commettent des exactions, ou bien encore de manquements au droit du travail, comme c\'est le cas dans des usines de textile au Bangladesh.Total et Alstom accusés de complicité dans le déplacement forcé de populationsC\'est précisément en raison du peu de cas que Wal-Mart fait de la liberté syndicale, et des mauvaises conditions de travail chez ses sous-traitants, que le géant américain de la distribution a été exclu par 14 des 19 investisseurs institutionnels figurant dans le panel de Novethic. Le groupe d\'électricité japonais Tepco, lui, est boycotté pour avoir violé le droit des salariés de la centrale nucléaire de Fukushima à travailler dans un environnement sain. Le cas de Yahoo est encore différent : le géant américain de l\'Internet est blacklisté par certains investisseurs car des organisations non gouvernementales (ONG) l\'accusent d\'être impliqué dans l\'arrestation de dissidents chinois. Quid des griefs à l\'encontre de Total et d\'Alstom, les deux seuls groupes français figurant dans les listes noires de la vingtaine d\'investisseurs européens ? Le groupe pétrolier est accusé de complicité dans le déplacement forcé de populations par l\'armée, en Birmanie. Une accusation qui vaut également pour Alstom, mais au Soudan.Une pratique d\'investissement qui se développe fortement en FrancePlus globalement, l\'exclusion « normative », cette pratique qui consiste à boycotter des entreprises violant les grandes conventions internationales, « est une pratique d\'investissement récente et qui se développe de façon très considérable », indique Anne-Catherine Husson-Traore, directrice générale de Novethic. En Europe, les investisseurs pratiquant l\'exclusion normative représentaient 2.340 milliards d\'euros d\'actifs gérés en 2011 (dernières données disponibles). Un montant qui représente un bond de 54% par rapport à 2009, selon l\'organisme Eurosif. Si ce type de gestion est surtout le fait des « zinzins » scandinaves et néerlandais, il se développe fortement en France, avec un encours multiplié par dix en deux ans, à 1.300 milliards d\'euros fin 2012.Une amende de 18 milliards de dollars pour ChevronSi les grands institutionnels sont de plus en plus nombreux à boycotter les entreprises peu soucieuses d\'éthique, c\'est parce qu\'ils prennent conscience qu\'il en va de leurs performances financières. Etre investi dans un Chevron menacé par un tribunal équatorien d\'une amende de 18 milliards de dollars, au titre de la pollution du fleuve Amazone, présente en effet un sacré risque financier. A quoi s\'ajoute une nouvelle menace pour les investisseurs, celle d\'être eux-mêmes accusés par les ONG de manquements aux principes éthiques, via leurs placements. Le fonds souverain norvégien et le fonds de pension néerlandais APG font ainsi l\'objet de plaintes de la part d\'une ONG sud-coréenne, au titre de leurs investissements dans le groupe minier Posco, accusé de violation des droits humains en Inde. 
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