Weleda fait le ménage dans son activité pharmaceutique et innove dans la cosmétique

Des dizaines de bombonnes en verres trônent dans une salle du laboratoire Weleda à Huningue (Haut-Rhin), où sont fabriqués l\'essentiel des produits pharmaceutiques vendus en France. Il y a quelques mois encore, elles reposaient sur des étagères en bois tout à fait dans l\'esprit quelque peu \"alchimiste\" des préparations homéopathiques que le laboratoire suisse fabrique depuis 1921 selon les principes de l\'anthroposophie (un courant de pensée qui établit un lien étroit entre l\'évolution de l\'homme et la nature, créé au début du XXème siècle par Rudolf Steiner, fondateur de Weleda).Mais, bonnes pratiques de fabrication (BPF) européennes obligent, Weleda a dû les troquer en 2010 contre des étagères en inox au prix unitaire de 300 euros. Une paille en comparaison de la centrale d\'air à 500.000 euros ou des autoclaves (les fours dans lesquels doivent passer les granules homéopathiques en fin de fabrication), qui vont bientôt devoir être remplacés pour 400.000 euros pièce. Sans compter le bâtiment flambant neuf investi par les équipes en fin d\'année 2011, qui a coûté 18 millions d\'euros, et représente une charge annuelle de 2,5 millions.Premières pertes pour le groupe en 2011Autant de dépenses lourdes, pour une activité qui représente 30 % du chiffre d\'affaires de l\'entreprise et subit de lourdes pertes. De tous temps, les bénéfices de l\'activité de cosmétique bio (70 % du chiffre d\'affaires) ont financé l\'activité pharmaceutique.Mais en 2011, cela n\'a pas suffi, et le groupe a affiché les premières pertes de son histoire : 8,3 millions d\'euros, pour un chiffre d\'affaires de 307,5 millions, lui aussi en légère baisse. Pour la première fois, Weleda (qui compte près de 400 salariés en France sur un total de 1.800) a vu ses effectifs diminuer. \"2010 avait été une excellente année pour la cosmétique, avec le lancement des produits de soin visage\", rappelle Patrick Sirdey, qui a quitté ses fonctions de PDG du groupe en janvier dernier et a continué de superviser les directoires de plusieurs établissements jusqu\'au 31 mai dernier. Et qui rappelle que la division française est restée bénéficiaire.Mêmes exigences réglementaires que pour l\'industrie pharmaceutique classiqueA la demande des deux principaux actionnaires, la Société anthroposophique universelle et la clinique suisse Ita Wegman (qui détiennent 40 % du capital et 80 % des droits de vote), le conseil d\'administration a été profondément renouvelé, suite à ces mauvais résultats, notamment pour intégrer plusieurs personnalités issues du monde médical.L\'activité pharmaceutique doit opérer un grand ménage pour revenir à l\'équilibre. Le nombre de références est déjà passé de 10.000 à 2.500 depuis 2008, mais le tri n\'est pas terminé. Un même principe actif existe encore sous de multiples formes galéniques (gélules, solutions buvables, injectables, etc.) \"Nous allons devoir nous séparer des rotations les moins bonnes\", admet Patrick Sirdey.Outre les frais du bâtiment et du matériel, la réglementation pharmaceutique, qui a beaucoup évolué depuis dix ans, exige un coûteux travail de documentation. A l\'inverse de son principal concurrent, le géant français de l\'homéopathie Boiron, pour une petite entreprise comme Weleda, ces frais fixes sont difficiles à amortir. Hormis les préparations magistrales, les produits sont soumis aux AMM (autorisations de mise sur le marché) et, de manière générale, aux mêmes règles que l\'industrie pharmaceutique classique.L\'élan doit venir de la cosmétiqueLes premiers chiffres de 2012 sont satisfaisants, notamment en France où l\'activité pharmacie enregistre une hausse de 20 %. Même avec un retour à l\'équilibre prévu dans les deux à trois prochaines années, \"la cosmétique doit continuer de donner l\'élan\", précise Patrick Sirdey.Tout un arsenal de mesures est donc prévu pour relancer une courbe de croissance qui s\'est aplatie ces dernières années, après avoir connu une croissance exponentielle, notamment un doublement du chiffre d\'affaires entre 2005 et 2006. A commencer par la poursuite d\'une campagne de communication d\'envergure entamée cette année. Il s\'agit de résister face aux géants de la cosmétique conventionnelle (L\'Oréal, Beiersdorf, Henkel...) qui se sont tous dotés de gammes bio ces dernières années. De nouvelles lignes de produits, à base de nouvelles plantes, tenues secrètes pour le moment, devraient également être lancées en février 2013. 
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