La Bundesbank, seule contre tous

Que pense réellement Angela Merkel, lorsqu\'elle affirme que Jens Weidmann, le président de la Bundesbank, « dispose de toute son influence au sein de la BCE » ? N\'a-t-elle pas reçu, comme l\'affirme le Bildam Samstag, la démission de celui qui venait de s\'en prendre violemment à la politique de la BCE de rachat d\'obligations d\'Etat qui rendrait « accro comme à une drogue » ?Une démission n\'est pas à l\'ordre du jourPour l\'instant, Jens Weidmann ne semble pas vouloir devenir le troisième ancien patron de la « Buba » démissionnaire en deux ans, après Axel Weber (Bundesbank) et Jürgen Stark (BCE), même si le pourfendeur de la planche à billets est considérablement marginalisé. A preuve, même le successeur de Jürgen Stark à la BCE, Jörg Asmussen, s\'est déclaré en faveur de la politique de Mario Dragui, laissant le président de la Buba à ses états d\'âmes.En confirmant que le chef de la BCE agit « dans le cadre de son mandat » lorsqu\'il vole au secours des Etats en difficultés, la chancelière allemande prend pour la première fois ses distances avec son ancien conseiller personnel. Ironie du sort, Angela Merkel tourne également le dos au dogme monétaire allemand, imposé par la Bundesbank à l\'époque de l\'adoption de l\'euro.« La position de Weidmann est de plus en plus isolée en Europe, mais pas en Allemagne, car le financement par la BCE des Etats surendettés va dans le sens d\'une union des transferts, ce qu\'ont toujours refusé les Allemands », explique le professeur Sabine Von Oppeln de la FreieUniversität de Berlin.Merkel privilégie la survie de l\'euroSi Angela Merkel est foncièrement opposée à un rachat d\'obligations publiques par la BCE, les alternatives ne sont pas légions : elle ne possède plus de majorité au Bundestag pour faire passer un éventuel nouveau plan d\'aide, elle connait de vives résistances dans son propre camp (notamment la branche bavaroise de la CDU, la CSU) et l\'opinion allemande ne voudrait pas d\'une Europe fédérale dirigé par Bruxelles si elle devait être consultée, une éventualité qui reste toutefois peu probable.Dans son éditorial de mardi, le quotidien économique Handelsblatt estime en effet que Merkel, contrainte à choisir entre le sauvetage de l\'euro et la protection des dépôts allemands, a préféré sacrifier la position nationale jugeant le coût d\'une mésaventure européenne insurmontable.Vers des annonces conciliantes de la BCELe président de la Bundesbank, qui n\'a finalement pas opté pour la politique de la chaise vide comme ses anciens prédécesseurs, a peut-être sauvé ce qui pouvait l\'être à travers sa sortie médiatique: « La dernière stratégie de Weidmann a été de rendre le débat public plutôt que de s\'opposer seulement au conseil des gouverneurs. Il laisse la main à Mario Draghi mais celui-ci ne pourra mener sa politique que de manière limitée, probablement sans intervention massive de la BCE », juge pour sa part Ferdinand Fichtner, chef du département politique de l\'institut DIW.Les annonces de Mario Draghi pourraient donc se montrer conciliantes, c\'est à dire une intervention de la BCE en cas d\'évolution négative des taux qui mettrait en danger la zone euro sans pour autant ouvrir complètement le robinet à liquidités.
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