L'huile végétale pure gagne la flotte de pêche

Après les véhicules agricoles et les camions de ramassage des déchets ménagers, ce sera bientôt au tour des bateaux de pêche de fonctionner à l'huile végétale pure. Le projet de faire naviguer deux navires du port de Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques) vient d'être validé par le ministère de l'Agriculture et de la Pêche, dans le cadre d'un appel à projet visant l'économie d'énergie fossile dans le domaine de la pêche. L'expérience, qui débutera au début de l'année 2010, est prévue pour durer deux ans. « Le ?Lapurdi? et le ?Nahikari? ont été retenus pour mener l'expérience parce que leurs armateurs-navigants souhaitent pratiquer une pêche plus raisonnable et plus propre et leurs bateaux sont représentatifs de la flotte française, composée à 70 % de bateaux de moins de 12 mètres », précise Frédéric Perrin, ingénieur de l'Institut français des huiles végétales pures (IFHVP) qui conduit le projet.surconsommation L'IFHVP compte sur une vingtaine d'agriculteurs locaux, regroupés au sein d'une coopérative actuellement en création, pour cultiver des oléagineux (du tournesol) sur une soixantaine d'hectares, produire les 30.000 litres d'huile végétale par an dont les marins pêcheurs auront besoin et la leur livrer. L'économie du système repose sur la valorisation des tourteaux (résidus des graines représentant les deux tiers de la production) pour l'alimentation animale. Mais les pêcheurs auront du mal à s'y retrouver financièrement, du moins au prix actuel du gazole détaxé qu'ils consomment. D'abord, le pouvoir calorifique inférieur (PCI) de l'huile végétale, qui caractérise la quantité d'énergie fournie, est légèrement différent de celui du gazole, ce qui devrait entraîner une surconsommation de l'ordre de 4 %. Surtout, le prix de l'huile, fixé par contrat annuel, sera plus élevé que celui du gazole d'environ 30 centimes d'euro par litre. « L'objet de l'opération n'est pas de faire du profit immédiat, précise Frédéric Perrin. Notre initiative s'inscrit dans une perspective à moyen terme. »« rotation des cultures »L'IFHVP, qui porte déjà douze expériences du même type auprès des collectivités locales et entretient des contacts plus ou moins avancés avec une centaine d'autres, entend élargir encore son champ d'expérimentation, en France comme à l'international. Des bateaux de plus fort tonnage ainsi que des flottes privées et de transport en commun sont aujourd'hui exclus de la loi. « Nous espérons, pour ce qui est de la France, pouvoir faire passer des amendements lors de la prochaine loi de finances », assure le président de l'institut Alain Juste. « En organisant bien l'assolement des terres grâce à une rotation optimisée des cultures, il est ainsi possible de produire 17 % à 19 % de nos besoins énergétiques », assure-t-il. On en est encore loin, avec un volume d'huile consommé à travers les différentes expérimentations de l'IFHVP qui ne dépasse pas les 1.500 tonnes par an. Sans compter les quantités produites et autoconsommées par des agriculteurs, difficiles à évaluer.
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