« Seules 30% des entreprises européennes sont confiantes pour leur rentabilité en Chine »

Jacques de Boisséson, président de la Chambre de commerce de l'Union européenne en ChineFaut-il craindre les entreprises chinoises?Sur place, il faut être vigilant, en raison de l'absence de protection de la propriété intellectuelle et de l'application discriminatoire des lois. Mais il ne faut pourtant pas être défensif envers la Chine. L'Europe, déjà responsable de 40% des transferts de technologie vers la Chine, peut répondre à ses objectifs, notamment, en matière d'efficacité énergétique, d'urbanisme et d'innovation. Les Chinois regardent l'Europe avec intérêt et envie. Les exportations chinoises vers l'Europe représentent 7 % du produit intérieur brut (PIB) de l'ex-empire du Milieu alors que les exportations européennes vers la Chine équivalent à 0,7 % du PIB du Vieux continent. De quoi se plaignent les entreprises européennes en Chine?D'une réglementation opaque, de la protection de la propriété intellectuelle notoirement insuffisante, de marchés publics quasiment fermés, de difficultés liées aux licences d'opération et aux certifications de produits... Cela restreint de façon injustifiée l'investissement étranger. Seuls 3 % des investissements européens vont vers la Chine, contre environ 8 % vers la Suisse! Vous présidez Total en Chine. Comment s'illustrent ces problèmes dans l'énergie?Les contraintes sur les licences d'opération interdisent aux compagnies pétrolières étrangères d'être présentes sur le marché du gros, ce qui consacre le monopole des sociétés publiques chinoises. Dans les énergies renouvelables, les marchés publics sont de facto interdits aux entreprises européennes. Plus un seul appel d'offre ne leur est attribué alors qu'elles en remportaient beaucoup voilà quatre ou cinq ans. Des entreprises européennes ont-elles déjà réduit leurs investissements en Chine?Pas de manière significative. Mais dans la dernière enquête que nous avons réalisée auprès de ces entreprises, 39 % d'entre elles estiment que les politiques gouvernementales seront moins équitables d'ici à deux ans et seules 30 % affirment avoir confiance dans leurs perspectives de rentabilité en Chine. Si cette perception est correcte, il risque d'y avoir un mouvement de désinvestissement d'ici quelques années. PROPOS RECUEILLIS PAR ÉRIC CHALMET
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.