La Sarkozie en pleine tourmente

On attendait Sarkozy et on a eu Woerth. Mardi soir sur TF1, le ministre du Travail a réaffirmé, sur un ton grave et solennel, ce qu'il avait martelé durant la journée : pas question de démissionner. Dénonçant une « cabale politique », il a affirmé qu'il défendrait bien la réforme des retraites cet automne. Dès la fin de l'émission, éric Woerth devait participer, au Raincy, à une réunion sur les retraites aux côtés du secrétaire général de l'UMP Xavier Bertrand. Il attend désormais la publication, vendredi, du rapport de l'Inspection générale des finances, pour retrouver un peu d'oxygène.Coup sur coup pourtant, l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, et le patron des députés UMP, Jean-François Copé, avaient exhorté mardi matin Nicolas Sarkozy à « s'exprimer très vite » pour tenter d'enrayer les derniers développements de l'affaire Bettencourt. Mais, devant la plus grave crise politique que traverse l'exécutif depuis 2007, l'élysée et la majorité ont ostensiblement fait le dos rond, quitte à paraître sur la défensive. En visite officielle le matin à l'hôpital de Brie-Comte-Robert, en région parisienne, Nicolas Sarkozy a refusé de répondre aux questions concernant « l'affaire ». En revanche, il a insisté sur la poursuite des réformes, histoire de montrer que le maelstrom politique actuel n'altérait en rien sa marge de manoeuvre. « Je ne céderai pas sur la nécessité de la réforme dans notre pays. C'est pour cela que j'ai été élu », a-t-il lancé, évoquant quand même au détour d'une phrase « la calomnie » visant à « salir ». En écho, depuis Strasbourg ou il était au Parlement européen, François Fillon a dénoncé, lui, « une chasse à l'homme » et une « entreprise de déstabilisation ».crise de régimeFace à la gauche qui crie désormais à la crise politique voire de régime et réclame une commission d'enquête parlementaire sur l'affaire Bettencourt et le rôle d'éric Woerth, le gouvernement joue la montre. Lors des questions d'actualité, en l'absence du Premier ministre, la garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie, s'est contentée de préciser que la justice était « totalement indépendante ». « On a l'impression que Nicolas Sarkozy laisse pourrir la situation », a estimé l'ancien ministre socialiste Pierre Moscovici. Selon un sondage BVA pour l'Express, Orange et France Inter publié mardi, le chef de l'Etat perd trois points de popularité (à 33 %) égalant son record historique de 64 % de mauvaises opinions d'avril 2008. Seule Marine Le Pen tire son épingle du jeu en gagnant 7 points !Nicolas Sarkozy et l'UMP viennent en tout cas de vivre leurs pires journées depuis l'élection présidentielle. Dimanche, le départ des deux secrétaires d'état Alain Joyandet et Christian Blanc fragilisait un peu plus un gouvernement à bout de souffle et condamné par le président lui-même pour l'automne. Lundi, l'affaire Bettencourt-Woerth prenait une nouvelle dimension puisque le procureur de la république de Nanterre n'excluait pas d'élargir son enquête préliminaire aux conditions d'embauche de Florence Woerth, la femme du ministre du Travail. Mardi, l'affaire a pris une toute autre ampleur puisque l'ex-comptable de Liliane Bettencourt a affirmé, selon le site Médiapart, que 150.000 euros en liquide avait été remis à Eric Woerth pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Dans l'après midi, Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, était entendu par la police. Malgré cet emballement, le Président de la République veut s'en tenir à sa stratégie initiale : temporiser. Mardi soir, Nicolas sarkozy envisageait de s'exprimer seulement le... 13 juillet.
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