André Choulika, « casseur » d'ADN, à la tête de France Biotech

Quand il est entré en classe terminale à Paris, venant tout droit de son Liban natal en guerre, que son père, ingénieur Supélec, l'a forcé à quitter, il n'aimait pas la biologie. Il voulait faire du design. Mais un cours de biologie lui a révélé le fonctionnement de l'ADN. « Je suis resté pantois d'admiration devant la beauté de la nature », confie ce petit-fils de chercheur en chimie russe. Tant pis pour la peinture, son autre passion. Notre amateur de BD se consacrera au fonctionnement de la génétique moléculaire. Il ne fait pas du design, il fait mieux : il coupe l'ADN et le programme au sein de sa société de biotechnologie, Cellectis, spin-off de l'Institut Pasteur, qu'il a fondée en 2000 et dont il est directeur général. Comment ? avec des « ciseaux moléculaires », les méganucléases, qui ciblent spécifiquement l'endroit à couper dans le génome de la plante. La technologie de Cellectis permet de changer le code génétique des organismes vivants, de façon maîtrisée. « Globalement, c'est assez simple », poursuit André Choulika, docteur ès sciences en virologie moléculaire de 44 ans.Cellectis est né dans son esprit alors qu'il préparait sa thèse à l'Institut Pasteur. Il faisait partie de l'équipe du Prix Nobel François Jacob. En 1997, André Choulika rejoint le département de génétique de la Harvard Medical School à Boston. Il met au point les premières approches de l'application des méganucléases à la thérapeutique humaine. Au printemps 1999, il est lauréat du concours d'aide à la création d'entreprise innovante lancé par le ministre Claude Allègre. Il crée Cellectis, cotée sur Alternext depuis février 2007. Les applications de sa technologie sont illimitées, tant dans le domaine de la santé, pour combattre les maladies génétiques (Cellectis a signé un contrat avec l'AFM, Association française contre les myopathies, en 2008), les cancers, les infections virales et les maladies du sang comme le sida, que dans le domaine de l'agriculture. La société a signé la semaine dernière un accord de licence avec le semencier Monsanto, qui investira par ailleurs 1 million d'euros dans son capital. Cellectis travaille aussi avec d'autres semenciers comme Pioneer, BASF, Limagrain ou Bayer.vecteur de croissance André Choulika vient d'être porté à la présidence de France Biotech, l'association des entrepreneurs en sciences de la vie, où il succède au Dr Philippe Pouletty. « On a besoin d'une recherche pointue en France. Il faut donner des moyens à ceux qui réussissent et ne pas faire l'amalgame entre entreprise de croissance et jeune entreprise innovante. Son statut doit être porté à 15 ans alors qu'il est de 8 ans actuellement », souligne André Choulika. Il se félicite du partenariat entre le Fonds stratégique d'investissement et France Biotech. « Pour la première fois, on parle de la biotechnologie comme vecteur de croissance. Mettre de l'argent sur des découvertes permet de construire l'avenir. »
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