Contre la création de l'euro

Philippe Séguin a mené son plus grand combat politique contre l'euro et le traité de Maastricht. Une bataille perdue face à un François Mitterrand déterminé à rester dans l'Histoire comme le promoteur de la réconciliation européenne après deux guerres mondiales.La France s'est passionnée pour ce référendum du 20 septembre 1992 sur la ratification du traité de Maastricht, qui prévoyait notamment le passage à l'union économique et monétaire à partir de 1999. Le texte prévoyait aussi les critères de convergence vers l'euro (maîtrise de l'inflation, de la dette publique, des déficits et stabilité des taux de change).Avec Charles Pasqua, Philippe de Villiers, mais aussi de jeunes « séguinistes » comme François Fillon, Philippe Séguin lance la croisade pour le « non ». Il devient très vite le chef de file du courant « eurosceptique » et souverainiste. Et, deux ans seulement après son putsch manqué au RPR, mène ainsi une nouvelle fronde contre Jacques Chirac, qui s'est rangé dans le camp des partisans du traité européen.Refusant que la France perde le contrôle de sa politique monétaire au profit de la BCE, Philippe Séguin est l'orateur vedette du débat organisé à l'Assemblée en mai 1992. « 1992 est littéralement l'anti-1789 », tonne le député des Vosges dans un discours-fleuve. « L'Europe qu'on nous propose n'est ni libre, ni juste, ni efficace. Elle enterre la conception de la souveraineté nationale et les grands principes issus de la Révolution? »Durant toute la campagne, Philippe Séguin se plaisait à rappeler que d'Artagnan avait trouvé la mort? devant la ville de Maastricht.Devenu le premier des opposants au traité européen, Philippe Séguin est choisi par François Mitterrand pour un débat télévisé organisé le 3 septembre dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne. Philippe Séguin racontera qu'il a été ému de voir le président, alors gravement touché par son cancer, recevoir des soins dans sa loge à chaque pause de l'émission. Selon des témoins, le pourfendeur de Maastricht aurait choisi de retenir ses coups contre le chef de l'État, mais Philippe Séguin avait surtout reconnu a posteriori avoir été dominé intellectuellement dans l'échange.Quelques jours plus tard, François Mitterrand subissait une opération.Le 20 septembre, le « oui » l'avait emporté de justesse, avec un peu plus de 51 % des voix. H. F. (avec agences)l'europe
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